Avis sur Notre pain quotidien

Une fois de plus, la passion que King Vidor èprouve pour l'homme n'est comparable qu'avec celle que lui inspire la terre! Ainsi, "Our Daily Bread" est l'une de ses plus belles rèussites! Une oeuvre financèe par la coopèrative d'acteurs et de techniciens dont le thème èvoque prècisèment une ferme sauvèe de la ruine par une coopèrative de paysans! « Tu m'aides, je t'aide » , telle est la devise! Aussi, lorsqu'un cinèaste, dont la maîtrise, le talent et la rèussite commerciale ont ètè pleinement dèmontrès, comme c'est le cas de King Vidor, veut rèaliser un film sur la dèpression et ses consèquences sur la population paysanne, il est obligè de produire personnellement ce "Our Daily Bread", devant le refus obstinè des studios! Qu'importe, le maïs y est superbe! il est beau et vivant, et les feuilles balancent sous le soleil! Mais, il a soif, très soif! il a besoin d'un grand verre d'eau! Braver la sècheresse à coups de pioche et de pelle devient très vite un grand moment de cinèma et les cinèphiles se souviendront longtemps du final, de ces hommes courageux qui se mettent à creuser un canal à la force des bras! Chapeau Mr King Vidor car on n'a rarement vu une solidarité aussi belle et aussi forte à l'ècran...

Le film aurait pu simplement s’appeler « remontons nos manches!! et hardi les gars, au boulot!!! »
Le récit d’une communauté qui sort de terre, basé sur le désir de partir de rien pour arriver au tout. « Construire sa maison mais également vivre ensemble ». Un film assez classique, intéressant et à l’ambition de voire naitre non pas l’humanité mais « une » humanité, témoin ce grain de blé qui fait chaud au coeur car porteur de vie….

Admirable et enthousiasmant, un mélange de rêve et de force humaine par un des plus lyriques réalisateurs qui soient. King Vidor est animé d’une foi en l’homme qui est contagieuse ; tous les spectateurs de cette époque la ressentaient. La clarté du récit est exemplaire, pas besoin de réfléchir longtemps pour tout comprendre et participer. On y est. Quel plaisir de vivre cela au cinéma I Deux séquences sont particulièrement inoubliables. Celle qui voit Louie, le grognon taciturne, forcer la main de Sally pour permettre aux colons de manger grâce à la prime pour son arrestation et la scène finale d’une folle beauté lors de la libération de l’eau. Au dessus de tout l'émotion domine, il ne se passe pas 5 minutes sans que la mise en scène de Vidor nous bouleverse par son attention portée aux autres. Le couple formé par Karen Morley et Tom Keene est particulièrement crédible ainsi que la présence de Sally. Il en dit long aussi sur le ressenti du réalisateur à propos des femmes. Il n’aura de cesse de démontrer leur influence dans ses films suivants. Bette Davis, Patricia Neal, Hedy Lamarr, Audrey Hepburn, Barbara Stanwyck et surtout Jennifer Jones en sont les meilleures preuves.

Frappé par la Grande Dépression, un jeune couple new-yorkais, John et Mary Sims, s'installe à la campagne pour exploiter une ferme hypothéquée. Inexpérimentés, ils sollicitent l'assistance d'inconnus de passages pour retaper leur bicoque et cultiver leurs champs. Une coopérative se crée qui fonctionne grâce à la complémentarité des talents de chacun. Mais les ennuis s'accumulent : le manque d'argent d'abord, la sécheresse ensuite.

"Notre pain quotidien" (1934) est un témoignage marquant sur le New Deal. L'Amérique est alors plongée dans la crise. Elle ne sait pas encore qu'elle va s'en relever grâce à la politique volontariste de Franklin D. Roosevelt. Elle est partagée entre deux sentiments complémentaires : l'angoisse de la crise et le désir ardent d'en sortir.

Ce sont ces deux sentiments qui sont au cœur du film de King Vidor. Comme John Ford dans "Les Raisins de la colère", il montre que la fraternité humaine est le meilleur antidote à la crise et viendra à bout de tous les défis. S'agit-il pour autant d'un manifeste communiste comme on en fit le reproche au cinéaste ? Pas du tout. C'est moins vers les kolkhozes soviétiques que vers le messianisme des Pères fondateurs que lorgne Vidor.

Pour le laver de tout soupçon de communisme, il suffit de comparer Notre pain quotidien à "Octobre", sorti six ans plus tôt. Si le second est un hommage au prolétariat révolutionnaire, le premier est tout entier centré sur les personnages : John, sa femme Mary, Chris le paysan suédois, Louie le repris de justice... La collectivité est une somme d'individualités pas une force anonyme, comme elle l'était chez Eisenstein.

Par son optimisme indéboulonnable, par son individualisme forcené, Notre pain quotidien, loin d'être un brûlot socialiste, est déjà un film profondément américain.

un film en utopie magistrale

L’action se situe en 1929 après la terrible crise que l’on connait, un jeune couple John et Mary, pas épargnés par le dépression, tirent le Diable par la queue,
quand ils se voient proposer par un oncle de reprendre une ferme hypothéquée, qu’ils pourront peut-être racheter…

Dés lors King Vidor montrera ce qu’il croit des hommes.

Ce film, King Vidor le finance lui-même, tant le sujet rebuta les Studios, et cela dit long de la croyance qu’avait King Vidor en l’Homme. Il avait pourtant 8 ans auparavant signé « La grande parade » le film muet qui a le plus rapporté au box-office ! On sait aussi depuis »Hallelujah » -premier véritable film parlant- le goût de l’humanité qui anime King Vidor, film où il y a seulement des acteurs afro-américains !

Dans « Notre pain quotidien » King Vidor lâche tout son humanisme, montre ce que les hommes -même reclus aux extrémités de la désolation- sont capables de faire, de se relever et de s’entraider; allant même jusqu’au sacrifice.

La copie qui vient d’être restaurée -offrant un très beau Noir et Blanc- ressort en salles le 18 octobre. Il faut aller voir ce film à l’heure où l’époque nous propose une loi travail qui oublie les hommes, où une société ne valorise plus le travail des siens.

King Vidor a pour lui le sens du cinéma; d’abord l’image. La séquence de fin de « Notre pain quotidien » en est extrêmement révélatrice par l’effervescence de la mise en scène, de la mise en image de King Vidor, sur plus d’une dizaine de minutes, concluant ainsi le film de la plus belle des manières, tant sur le fond que sur la forme.

Et King Vidor sera ensuite cinéaste très adoubé avec le western shakespearien « Duel au soleil », je lui préfère quant à moi l’emblématique et idéaliste « Le rebelle » avec un Gary Cooper
« habité » par son personnage, ou encore ce sacré western, original qu’est ‘L’homme qui n’a pas d’étoile », où Kirk Douglas est formidable !

King Vidor tâtera donc de tous les genres, allant même jusqu’au péplum (Salomon et la Reine de Saba) en passant par l’adaptation historique et littéraire avec Guerre et Paix et le film noir (La Garce) avec une Bette Davis juste et sans cabotinage.

De tous ses films King Vidor ne lâchera jamais l’Humain et « Notre pain quotidien » en est sans le plus beau fleuron.

Je me mets de temps à temps à découvrir de très vieux films par curiosité et ce soir je m’attaquais à Notre Pain Quotidien, qui fut plutôt une agréable surprise. Le film n’est pas ultra mémorable mais reste, de manière assez amusante et originale, une sorte de « feel good movie » assez difficile à imaginer qu’il sorte après les années 45 aux Etats-Unis tant il prône un vivre ensemble, une insouciance et une capacité à surmonter toutes les difficultés lorsqu’on vit en communauté, ce qui s’approche beaucoup du communisme tant détesté par les Américains. La force du film tient beaucoup plus dans cette vision politique que dans une autre qualité que l’acting ou la mise en scène, qui sont corrects pour l’époque mais pas à en tomber par terre non plus. Bref, un bon film en somme !

film grandiose. Un lyrisme et une grande pudeur. D'une profonde humanité. Peut s'apparenter à certains film de Dovjenko. Quelques rapports avec le socialisme utopique. Une ode au travail collectif à l'opposé d'une idéologie individualiste fondée sur la concurrence la compétition. Des images magnifiques. Revu le 12/11/2024 un enthousiasme encore renouvelé, la dernière partie traitant de la construction de la voie d'eau est une des plus belle que le cinéma ait produite.

Un film aux propos d'actualité et a la vision politique communiste dans une Amérique des années 30 il fallait oser .
C'est avant tout un film qui a compris la grande dépression et la difficulté de vivre dans cette société rongée par le chômage .
Un classique trop peu connu qui mérite pourtant d’être reconnu comme un très grand film .

Grand film, très grand film, vu à 4 ou 5 reprises, la dernière fois à la cinémathèque en 2005. A l'issue de la projection, spontanément, la salle a applaudi, ce qui est quand même assez rare au cinéma. Pourquoi ces applaudissements ? Parce qu'au delà de l'intrigue (bien menée), au delà de la mise en scène (brillante), le message positif, plein d'enthousiasme, ici délivré, bien que datant des années 30, nous touche par son énergie et son actualité. Ce message est le suivant : "de l'audace, encore de l'audace !" ! "Ne vous résignez pas" ! "Prenez votre destin en main", "Ne comptez que sur vos propres forces" ... et tout devient possible. En un mot : "Just do it" !