Pionner du cinéma Américain, David Wark Griffith nous livre avec "A Travers l'orage", l'un de ses films les plus mémorables. Loin des longs et grandiose reconstitution que pouvaient être l'énorme succès commercial "Naissance d'une Nation" ou "Intolérance", il adapte ici un mélodrame théâtrale datant de 1890, qui nous raconte les (mes)aventures d'une femme, enceinte mais non marié, d'un homme qui ne la désire guère, peu à peu rejeté, ayant du mal à cacher son terrible secret. Mais avec génie, Griffith rend son film puissant et déchirant et ce tout le long du récit, et surtout, à l'image de Lillian Gish, magnifique. Il enlève toute niaiserie et pathos et "A Travers l'Orage" atteint une rare intensité dramatique. Le montage est maitrisé et bien rythme, on ne s'ennuie pas une seule seconde, le récit est captivant et parfois même fascinant. Griffith rend son personnage très attachant et émouvant, sans forcément délaisser la galerie de personnages l'entourant, qui sont dans l'ensemble bien écrit et intéréssant. Certaines scènes sont particulièrement mémorable ou émouvante, à l'image de cette fin sur la glace, où la maitrise technique du réalisateur Américain fait des merveilles ou celle plus simple et naturel où l'on suit l'héroïne. La richesse du récit est grande, outre le parcours de l’héroïne, on y trouve des préceptes moraux, autour du mal que peuvent faire les hommes, la confiance aveugle ou même biblique. La musique accompagnant, en plus d'être excellente, est adéquat au récit et parvient à créer une véritable atmosphère souvent mélancolique. De plus la photo est de qualités et a très bien vieilli. Dans l'ensemble, toute les interprétations sont excellente, évitant l'excès de théâtralité dont le cinéma muet est parfois propice mais c'est avant tout Lillian Gish qui éblouie l'écran. Magnifique muse de Griffith, elle donne une vraie consistance et force à son personnage. Et finalement, à son image et à travers ce film ou même d'autres œuvres telles que celle de Chaplin, Buster Keaton ou Marnau, dont on fêtera bientôt les 100 ans que l'on est emporté par la magie du septième art et montrant qu'il est intemporel, à travers tant d'images, de scènes, d'actrices/acteurs qui semblent revivre à chaque nouvelle vision. Un très grand, intemporel et magnifique film. Sublime.