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Un visiteur
5,0
Publiée le 21 août 2015
GÉNÉRAL : Film noir sur le meurtre d’une jeune femme à résoudre.
NOTES POSITIVES : spoiler: Atmosphère, décors, humour, mise en scène noire classique. On est absorbé par le film. On aime se faire aller les méninges, jouer au détective et trouver la solution. Excellent dans le genre du film noir.
NOTES NÉGATIVES : spoiler: C’est un film noir qu’on écoute par plaisir, mais les personnages sont faux, irréalistes et extravagants dans leurs styles.
PISTES DE RÉFLEXION : spoiler: Faire attention aux autres qui nous entourent dans la vie. Mieux les comprendre avant qu’il soit trop tard. Laura qui prend pour les « underdogs ». Elle aime les gros gars physiques, ça l’impressionne. Elle profite peut-être un peu de l’homme qui la rend femme, car elle doit le savoir qu’il voulait plus en échange.
Un film exceptionnel sur tous les plans. Une musique particulièrement belle et étrange, une photographie qui ravit les yeux de la première à la dernière image, des interprétations formidables. Le physique harmonieux et le doux visage de Gene Tierney se posent comme les représentants d'un film qui concilie beauté esthétique et intelligence scénaristique. Le point de vue du réalisateur sur l'amour porté par trois hommes sur une seule femme ravit le public masculin et attendrit le public féminin. Quoi qu'il en soit, Otto Preminger signe ici un des plus beaux films de l'histoire du cinéma.
Pourquoi ce film ne m'a-t-il pas enthousiasmé ? J'aime les films noirs, j'ai adoré au moins un autre film de Preminger (Autopsie d'un meurtre), il y avait donc peu de chance pour que je reste froid à ce film que beaucoup disent être le meilleur du genre. Mais je n'ai pas accroché. La faute en incombe surtout aux personnages, qui ne m'ont pas intéressé une seconde. Laura est certes jolie (Gene Tierney), mais son caractère est terriblement lisse. Les vignettes en flashbacks qui la présentent m'ont donné l'impression d'avoir affaire à une sorte de vitrine pour la promotion de la working-girl des années 50, entre petit arrivisme et dîners mondains. J'ai trouvé sa soumission ambiguë à la figure paternelle de Lydecker répugnante. Le personnage de Lydecker n'est pas mieux, un cynique mesquin et possessif, sans envergure et sans humour. L'amant, j'ai oublié son nom, est fat et légèrement stupide. Le détective est terne à en mourir. Evidemment tous ces personnages ne sont pas censés être sympathiques, mais je n'ai rien trouvé à me mettre sous le dent pour m'intéresser à leur destin. Heureusement, c'est Preminger qui réalise, ce qui donne de belles scènes. Seule la fin du film, lorsque chacun se révèle dans sa vérité, est vraiment excitante et réussie.
Admiration pour l'ingéniosité d'Otto Preminger et de son chef photo : ils créent un film assez subtil et onirique à partir d'un scénario très emberlificoté (que beaucoup ne cessent d'encenser, on sait !). Ce scénario me semble excessif et manquant singulièrement de finesse : les personnages sont caricaturaux (le pygmalion jaloux et manipulateur, le bellâtre désargenté, la femme riche et faible, l’héroïne si belle… et si lisse, le flic désabusé, la jetset newyorkaise superficielle), les scènes sont prévisibles (l’horloge-cache d’armes, on la voit venir de loin !) quand elles ne deviennent pas grotesques (Laura est assassinée… mais non, alléluia : son cadavre, bien qu’identifié par des proches, se révèle être celui d’une autre femme). Malgré ce scénario grandiloquent -donc faiblard- c’est avec un grand intérêt que j’ai regardé ce film, mais plutôt comme un entomologiste observant des insectes, leur déchirement, le craquement du vernis social. La confusion entre ‘amour’ et la séduction de l’image (d’une morte qui plus est !) est bien représentée, on peut cependant regretter la totale absence de distanciation de Preminger, voire sa fascination pour une confusion aussi malsaine. Belle réalisation, photographie somptueuse, cadrages raffinés.