Alors qu'il vient tout juste sortir d'une cure de repos pour dépression, Martial entreprend une tournée d'affaires pour vérifier les livres de comptes de différentes succursales de province. Mais il s'arrête à Limoges où il s'amourache d'une domestique, Francine, à qui il offre plusieurs robes. Alarmée par le comportement excentrique de son fils et l'usage excessif qu'il fait de sa carte de crédit, la mère de Martial lui fait croire qu'elle a un infarctus pour le faire revenir sur-le-champ. Embarqué dans un imbroglio confus et accusé d'un meurtre (celui de Rocky) qu'il n'a pas commis, Martial revoit encore une fois Francine, venue lui rendre visite à l'institut psychiatrique où il se trouve à présent.
Confrontant joyeusement les milieux sociaux, titillant les sectarismes culturels et le conformisme bourgeois, Claude Sautet nous livre avec Quelques jours avec moi sûrement son film le plus accessible. Loin de la noirceur de "Mado", de "Max et les Ferrailleurs" ou des "Choses de la Vie", Quelques jours avec moi contient de vraies scènes de comédie: le triolisme de Boulevard formé par Martial, Francine et Fernand, une soirée où les ploucs côtoient les aristos, une veine "bon enfant" répandue tout au long de ce long-métrage, où l'on vient déguisé en Robin des Bois à une soirée que l'on croyait costumée, où l'on se prête à un "amusant récital de lieux communs" autour de la politique...
Réputé directeur d'acteurs hors-pair, Claude Sautet rassemble ici un casting de choix, emmené par la frimousse charmante de Sandrine Bonnaire, l'impassibilité énigmatique d'un Daniel Auteuil passionnant, ou encore la bonne humeur communicative d'un Jean-Pierre Marielle...
Ce qu'on peut également saluer, c'est la liberté que le film laisse au spectateur. Il n'impose pas d'interprétations figées, quant aux mobiles de Martial pour agir comme il le fait, ou quant aux sentiments de Francine à son égard. Il laisse simplement dérouler une histoire, histoire qui amuse, surprend et émeut tour à tour: on voit comment l'appartement loué par Martial à Limoges se transforme en salle de billard, comment les livres de compte de M. Fonfrin sont décryptés, comment Fernand devient, par l'intermédiaire de son nouveau ami, le nouveau chef magasineur chez M. Fonfrin, comment Francine se voit demandée de "dénouer ses cheveux" par son énigmatique hôte... Le film prend successivement différents visages, que l'on découvre tous avec plaisir.