Un film qui met en joie. Un petit bonheur d’intelligence et de fantaisie, à la fois ludique, érotique et surréaliste. Une comédie légère et enlevée, tout en humour fin et en trouble mystérieux. Une célébration de la littérature, cultivant le plaisir des mots et les mots du plaisir. Une célébration du cinéma, cultivant le plaisir des images et les images du plaisir. Un exercice de style toujours brillant.
La Lectrice (adaptation d’un roman de Raymond Jean), c’est tout cela. Et plus encore. À chaque vision, on découvre des détails, des allusions, des idées qui avaient échappé. Et on jubile face à une orchestration d’une inventivité et d’une précision folles. Cela commence par le scénario, habile tissage de mises en abyme, parfait petit jeu de rebonds, d’échos, de correspondances entre de nombreuses fictions imbriquées. Et puis il y a les dialogues, les jeux de mots, pleins d’esprit. Et puis la mise en scène, virevoltante – l’élégance d’un mouvement permanent. Et puis le montage, surprenant, qui épouse aussi l’allégresse du thème musical du film (Beethoven). Et puis, bien sûr, l’interprétation : le charme tantôt ingénu, tantôt espiègle de Miou-Miou ; le stress drôlissime de Patrick Chesnais ; l’enthousiasme (marxiste) de María Casares… Un délice à tous les niveaux.