Votre vie peut basculer du jour au lendemain. Il suffit d’un bout de papier avec quelques mots inscrits dessus pour que tout bascule : « Nous détenons votre femme et votre fille, apportez 500 000 dollars demain pour les revoir en vie ». Michael décide de ne pas coopérer en appelant la police. Mauvais choix, car les deux êtres qu’il chérit finiront dans une voiture brûlée. Seize ans plus tard, il croit voir sa femme dans une église italienne. Mais qui est-elle vraiment ?
Fasciné par Hitchcock en lui rendant hommage à maintes reprises, De Palma le fait une nouvelle fois avec ce polar, porté sur les tourments psychologiques d’un personnage avec une présence importante de la figure féminine. Profondément humain, les formes symboliques qu’il incorpore sont parfaitement représentées (le miroir, montrant la dualité de la femme). On sent l’atmosphère des années 1970 dans Obsession, avec sa photographie vieillies et ses effets ralentis datés. Mais au lieu de la rendre désuète, ces aspects techniques donnent à cette œuvre du charme, comme si celle-ci était inscrite à jamais dans un courant cinématographique bien précis. Idem pour l’histoire qu’elle traite, universelle grâce à des thèmes fascinants tels que le pêché (la cupidité) ou la souffrance humaine (puissance de la mémoire affective et de la culpabilité).
Chez De Palma, seize années passent à la vitesse d’un mouvement de caméra, pour nous apercevoir finalement que rien n’a changé. Les sentiments sont toujours là, la douleur à jamais intacte. Le rapport au temps est ici saisissant, et le cinéaste joue avec nos nerfs en nous faisant croire que tout se finit dès le début, où le stress laisserait place à la peine. Mais la surprise va s’emparer de nous sans aucun détour et nous rendre complice de la vanité humaine. Les partitions d’Herrmann (compositeur d’Hitchcock) jouent également un rôle prépondérant, car elles nous donnent la sensation d’assister à une tragédie pleine de grandeur et de tristesse.
Le nouvel Hollywood va voir le jour dans les années 1970, avec pour cinéastes en tête de file Scorsese, Spielberg, Allen, ou encore Coppola. De Palma en fait bien évidemment partie et tous montrent au public que le cinéma peut se réinventer de nouveau. La culture cinéphile de tous ces réalisateurs-auteurs se fait alors sentir dans leurs œuvres, tandis qu’un souffle nouveau et une véritable personnalité se dégagent dans des films comme Duel, Mean Streets ou Conversation secrète. Obsession sort en 1976 et s’inscrit dignement dans cette belle lignée du cinéma américain. Amateurs de septième art, laissez-vous tenter…