Un digne et élégant vieillard se présente de lui-même en enfer après une vie bien remplie, mais le portier lui refuse son admission avant d’avoir étudié son « dossier ». La vie de notre héros se retrouve dès lors étalée et même confessée par épisodes rétrospectifs correspondant chacun à une époque différente, montrés chacun lors d’un de ses anniversaires. Enfant, adolescent, jeune homme, trentenaire, quinquagénaire, gérontin et vieillard, on suit l’évolution d’un bourgeois séducteur, d’une mauvaise foi chronique, trompeur, cabotin, coureur de jupons invétéré, lascif, dont les afflictions et scandales qu’il a causés se sont toujours battus en duel avec son bonheur communicatif de vivre, son hédonisme révélateur, son amour des femmes et celui paradoxal et sincère envers son épouse, le feu de l’instant présent, et les joies qu’il a pu répandre.
Cette romance d’aventureS de 1943 est un spectacle quasi-théâtral, débordant de bonne humeur, pourvue d’une psychologie sans concession pour les charmeurs complexés qui s’ignorent. Il respecte évidement la délicatesse prude de son époque en misant sur l’élégance sémantique, la discrétion des actes perpétuellement suggérés, dans une ambiance où la bienveillance machiste, de mise à l’époque, parait bien sûr un peu ringarde aujourd’hui. Jolie performance aussi pour les grimages d’il y a 75 ans qui affichent Don Ameche sous cinq âges différents. La poésie épicurienne et les préceptes vertueux restent entiers, à mesure de l’éveil lucide et progressif de notre irrécupérable Casanova, qui exultera ses pulsions jusqu’à son cadeau final.