Pas grand-chose à se mettre sous la dent de bien original avec Je suis un monstre, adaptation non canonique de la célèbre nouvelle Docteur Jekyll et Mister Hyde. Le meilleur dans le métrage tient sûrement au face à face entre Christopher Lee et Peter Cushing, les deux stars de l’horreur réunies. Lee a clairement le rôle le plus intéressant et il le porte avec un vrai talent, donnant un relief inattendu à son Mister Hyde, presque un relief touchant derrière la bête. Cushing nous propose une interprétation qui rappelle furieusement une version de Sherlock Holmes, d’ailleurs son personnage semble habiter Baker Street ! Pour tout dire, même si l’acteur est toujours aussi charismatique à l’écran, son personnage n’a pas beaucoup d’originalité ou de typicité.
Le deuxième point sympa du film tient dans ses décors victoriens surchargés, à cette esthétique Hammer (le film n’en est pas un) qui fait toujours plaisir à un amateur comme moi ! La reconstitution est assez belle, cependant, on sent le manque de budget. Dans sa première partie surtout le film tourne vraiment avec le minimum syndical côté décor, on sort très peu en extérieur, et gros souci du film, la photographie est catastrophique ! Terriblement sombre le plus souvent, on voit à peine ce qui se passe à l’occasion de plusieurs séquences importantes. Dommage, car par ailleurs le réalisateur livre une mise en scène pas dégueux, usant, notamment de contre-plongées pour dramatiser certaines scènes avec le méchant.
Pour le reste, le film développe une intrigue minimaliste en 1 heure 10. On connait l’histoire. C’est du Docteur Jekyll et Mister Hyde revisité. Le film est longuet à se mettre en place, la partie centrale est assez répétitive et en fin de compte l’enquête ne sert pas à grand-chose puisque le final vient clôturer le tout dans l’action. Pour ma part, l’intrigue ne m’a guère enthousiasmé. Comme toutes les histoires vues et revues, il est difficile de l’adapter de façon satisfaisante une nouvelle fois, et comme ce métrage, malgré les changements de noms et l’introduction du freudisme reste dans les clous les plus classiques, ben c’est pas folichon.
En clair, un film mineur qui ravira surtout les fans de Christopher Lee qui trouve un rôle complexe parfaitement adapté à son jeu et à son style. Pour le reste, c’est une curiosité surannée, pas sans atout, mais aujourd’hui foncièrement quelconque. 2