Film culte des années 1980, Excalibur de John Boorman est sans doute le seul film du Septième Art à retranscrire presque fidèlement la célèbre légende du roi Arthur tout en y imprégnant un univers visuel très original. Malgré un certain coup de vieux, Excalibur se laisse tout de même encore bien regarder grâce à son histoire passionnante et son ambiance moyenâgeuse qui s’accompagne d’un ton un peu fantaisiste. Le roi Uther Pendragon, reçoit de Merlin l’Enchanteur l’épée magique Excalibur, donnée par la Dame du Lac, qui doit lui permettre d’unifier la Grande-Bretagne. Mais la passion d’Uther pour Ygraine, l’épouse de son ennemi le duc de Cornouailles, ruine les espoirs de paix de Merlin. Aveuglé par ses sentiments, Uther entreprend de faire le siège du château de son ennemi et grâce aux sortilèges de Merlin, il réussit à passer une nuit avec Ygraine. Après sa victoire, Uther est victime d’une embuscade et meurt en scellant Excalibur dans une stèle de granit. Seul le jeune Arthur, fils illégitime d’Uther, parvient à brandir l’épée et devient par ce geste le nouveau roi de Grande-Bretagne. Quelques années plus tard, après avoir instauré la paix dans son royaume, Arthur épouse Guenièvre et fonde la confrérie des Chevaliers de la Table Ronde. Mais l’ambition et la cruauté de sa demi-sœur Morgane, adepte de sorcellerie, va le pousser à sa perte. Sorti en 1981, Excalibur constituait le huitième film du réalisateur britannique John Boorman. Après avoir connu le succès avec Délivrance sorti en 1972 qui lui valut deux nominations aux Oscars, le réalisateur enchaîna ensuite avec deux échecs consécutifs : d’abord Zardoz sorti en 1974 avec notamment un Sean Connery au torse velu inoubliable avec son slip rouge et ensuite avec L’Exorciste 2 - L’Hérétique sorti en 1977, la suite du film culte de William Friedkin. Et c’est sans doute grâce à Excalibur que le réalisateur a pu revenir sur le devant de la scène dans les années 1980 avec cette ambitieuse adaptation de la légende arthurienne. Fasciné depuis l’enfance par les mythes et notamment par l’histoire du roi Arthur, John Boorman envisage dès 1969 de réaliser une adaptation cinématographique de cette célèbre légende. Mais le studio United Artists lui propose plutôt de développer et de mettre en scène une adaptation du monument littéraire qu’est Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Le réalisateur britannique, avec l’aide de Rospo Pallenberg, élabore donc un scénario de plus de trois heures qui sera au final refusé par le studio car jugeant le projet trop couteux. Le reste de l’industrie du cinéma ne voulant pas de son script sur Le Seigneur des Anneaux, c’est donc à ce moment-là que John Boorman ressortit de son tiroir son idée originale de long-métrage sur la légende arthurienne et entama l’écriture d’un scénario, basé principalement sur La Morte d’Arthur de Thomas Mallory de 1485, qui deviendra donc bien plus tard Excalibur. Accompagné de critiques assez mitigées à l’époque de sa sortie, la nouvelle réalisation de John Boorman sera présenté en compétition officielle du Festival de Cannes de 1981, rapportera près de 35 millions de dollars aux Etats-Unis et rassemblera 2 368 167 spectateurs en France. Depuis, Excalibur constitue un des meilleurs films de son réalisateur et est sans doute la plus réussie des adaptations de la légende du roi Arthur dans le Septième Art. Retraçant toute l’histoire du roi Arthur, de sa jeunesse à sa chute, Excalibur est un film passionnant de bout en bout et très original esthétiquement. Il est vrai que j’ai toujours été fasciné depuis mon enfance par les films de chevaliers et autres longs-métrages se déroulant au Moyen-Age comme Les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley, Les Chevaliers de la Table Ronde de Richard Thorpe, Ivanhoé du même Richard Thorpe ou encore Le Cid d’Anthony Mann qui ont tous bercés mes débuts de cinéphile. Et donc Excalibur m’intéressait énormément et je me rappelle la première fois que je l’ai découvert. C’était sur Arte, un après-midi, j’avais adoré le film mais je n’avais pas eu le courage de le finir car ayant été choqué par la violence et les quelques scènes de sexe qui peuplent le film, je devais avoir environ dix ans. Je ne l’avais jamais revu depuis et ça y est je l’ai enfin revus, et en entier cette fois. Il est vrai que le film à un peu vieillit avec son esthétique kitsch, ses costumes brillant de mille feux (notamment les armures) et ses décors colorés, mais finalement cela confère au film un style propre qui lui permet de se démarquer du reste des autres films du genre pour être une œuvre vraiment unique et originale. Excalibur n’est pas un film à mettre entre les mains de tout le monde, des plus jeunes par exemple, qui peuvent au départ s’attendre à voir un film gentillet sur le roi Arthur, un peu comme moi à l’époque, mais qui au final découvre un film qui se révèle en fait assez crue et violent par moment, qui possède une ambiance sombre et peut-être dérangeante pour certains spectateurs avec ces quelques images de violence, de sexe et son esthétisme gothique très marqué par moment. De plus, avec son style mystique et onirique, Excalibur devient un film de chevalier encore plus « spécial » et étrange tout en restant intéressant car alternant réalité et rêve ou abordant un peu l’heroic fantasy avec divers éléments : l’épée magique, la Dame du Lac, le Graal, le dragon, les magiciens,... Personnellement j’aime beaucoup que l’on mélange à la fois le réalisme de l’époque et le fantastique des contes et mythes du Moyen-Age, car la légende du roi Arthur, pour bien l’adapter, il faut entreprendre ce mélange de styles et pour moi, John Boorman y est brillamment arrivé. Alors oui c’est kitsch mais le fait de revoir le film aujourd’hui, cela lui donne une image encore plus ancienne et lointaine ce qui nous emporte encore mieux dans l’ambiance de cette Angleterre moyenâgeuse brumeuse, froide et imaginaire. Ensuite là où le film est très réussi c’est bien évidemment dans son scénario et dans la retranscription des grands moments de la légende du roi Arthur comme les conditions de sa naissance, le personnage de Merlin, le moment où il s’empare d’Excalibur pour la première fois, une scène qui manque un peu de souffle je trouve, les batailles qu’il livre avec son armée, la rencontre avec Lancelot, la création de la confrérie des Chevaliers de la Table Ronde et de son château Camelot, son mariage avec Guenièvre, l’histoire d’amour entre Lancelot et Guenièvre, la quête du Saint Graal qui se conclue de manière trop rapide d’ailleurs, la relation d’inceste entre Arthur et sa demi-sœur Morgane qui donnera naissance à Mordred,… bref John Boorman, avec sans doute quelques libertés, retrace toute l’histoire de la légende arthurienne avec spectaculaire et onirisme pour faire d’Excalibur un film certes un peu vieillot par moment et qui manque d’intensité dans ses scènes de combats, mais très intéressant et prenant jusqu’à la fin. Après les acteurs sont très bon dans leur rôle, notamment Nigel Terry qui campe un superbe roi Arthur, charismatique et guerrier, l’acteur possède vraiment la bonne tête pour l’emploi, ensuite il y a la jeune Helen Mirren qui est parfaite en Morgane et nous avons l’inoubliable Nicol Williamson en Merlin. Ajoutons également quelques acteurs de second plan à leurs tout débuts à l’époque tel que Liam Neeson, Patrick Stewart et Gabriel Byrne. Et enfin comment ne pas parler de la superbe bande-originale composée par Trevor Jones qui donne au film plus de souffle et de prestance avec notamment « La Marche Funèbre de Siegfried » de Richard Wagner qui ouvre le film et qui revient plusieurs fois dans l’histoire, et aussi le célèbre morceau « O Fortuna » tiré de la cantate Carmina Burana de Carl Orff, utilisé lors des scènes de batailles héroïques et durant les chevauchées du roi Arthur et de son armée, notamment une, magnifique et épique, dans ce qui doit être un verger où les chevaliers se retrouvent sous une pluie de pétales blanc, ce qui procure quelques frissons et hisse le film au plus haut de sa grandeur. Excalibur de John Boorman est donc un superbe film de chevaliers sur la légende du roi Arthur qui possède un esthétisme kitsch assez original, un scénario et une ambiance prenante de bout en bout, le tout magnifié par des morceaux de musique classique épique qui font d’Excalibur un incroyable voyage aux confins de l’Angleterre arthurienne où se mêlent magie, combats sanglants et quête épique. Un film culte des années 1980 qui glorifie pleinement cette légende mythique qu’est celle du roi Arthur.