Encapsuler toute la légende arthurienne dans un long-métrage de 2h20, en voilà un pari ambitieux ! Encore de nos jours, rares sont les films ayant tenté leur chance, la plupart se concentrant sur une portion spécifique de la légende. Et pourtant, John Boorman ose la chose en 1981, avec "Excalibur", qui remporta un certain succès à l'époque. Mais "Excalibur", c'est le genre de film audacieux qui n'a pas toujours bien vieilli, à la fois bourré de qualités et de défauts... Question défauts, John Boorman a engagé beaucoup d'acteurs novices au cinéma (dont certains issus de sa propre famille !), et cela s'en ressent. Certains interprètes sont parfois aux fraises, ce qui est fort dommage car on déniche pas mal de futures têtes connues : Patrick Stewart, Liam Neeson, Gabriel Byrne, ou encore Ciaran Hinds. Et entre des acteurs un peu légers, et des répliques pompeuses, il n'est pas toujours facile de prendre l'ambiance au sérieux... On relèvera toutefois un Nicol Williamson très amusant en Merlin sournois, jouant à l'occasion à la Yoda. Le film comporte d'ailleurs plusieurs scènes étrangement similaires à la trilogie originale "Star Wars" (rappelons qu'il est sorti entre les épisodes V et VI). Néanmoins ce serait un bien mauvais procès que de l'accuser de plagiat, George Lucas s'étant inspiré (entre autres) du mythe arthurien pour construire son univers. Question visuel, "Excalibur" envoie le paquet. Des décors naturels irlandais fort jolis, couplés à des armures imposantes qui louchent sur l'heroic fantasy, et des décors assez dingues. Le tout renvoie une ambiance aussi guerrière que féérique, rappelant un opéra wagnérien... compositeur justement très présent dans la BO. En revanche, les éclairages colorés et brillants ne sont pas toujours de bon goût, rendant l'environnement et les armures ultra bright un tantinet kitsch. Cependant chose importante : le film n'ennuie jamais. Un gros effort a été fait au niveau du scénario pour condenser la légende, et cela se voit. Certes, des personnages ont disparus par fusion avec d'autres. Certes les transitions entre arcs narratifs apparaissent parfois artificielles. Mais le film tient la route, et a le mérite de constituer un spectacle aussi audacieux que singulier.