Film qui m'a longtemps fasciné au travers des tonnes de superlatifs émerveillés utilisés pour le désigner, je le découvre enfin ! Mon dieu, quel écrasement, c'est à coup sûr un Chef d’œuvre du 7ème art. C'est beau, bon sang c'est tellement sublime au niveau esthétique qu'on se demande comment a fait John Boorman. C'est un peu le penchant naturel de l'indicible beauté artificielle de Legend. Chaque image est délectable, petit prodige d'éclairage et de mise en valeur de fabuleux espaces mystiques Irlandais. Les costumes achèvent de faire rêver : de vrais armures de chevaliers comme on en a...jamais vu sur grand écran, en fait. Ou alors sur une production numérique des dix dernières années et qui ne sont en aucun cas des reconstitution grandeur nature. Non mais. De même pour l'intérieur des salles du château, pour les batailles, c'est de l'artisanat au sommet de son excellence. Les acteurs ne jouent pas, ils déclament. Cela a de quoi surprendre au début, mais finalement, quoi de mieux pour nous plonger au cœur de cette légende celtique, de nous faire ressentir le climat de rudesse et la barbarie qui animait ces contrées. La performance la plus anthologique est sans conteste celle de Nicol Williamson, Merlin au regard incroyable, capable de dégager toutes sortes de ressentis : sagesse, colère, lassitude, amour, humour, vénération...Nigel Terry est parfait en roi Arthur, on suit son évolution depuis l'adolescence jusqu'à l'âge mature, où il se montre toujours aussi impétueux et prompt aux émotions que ses chevaliers, mais doués d'une touche de sagesse et de retenue qui découlent directement de sa naïveté enfantine, de son besoin de paternel recherché auprès de Merlin lorsqu'il était plus jeune. Lancelot joué par Nicholas Clay, ressemble plus à une sorte de super héros adapté à son contexte qui produit sur le spectateur la même impression qu'un James Bond où qu'un Indiana Jones, mais il se révèle au final beaucoup plus fragile et nuancé. Paul Geoffrey en Perceval se montre bien plus calme que ses confrères, introduisant une prestation plus humble, montrant une modestie plus grande pour une bravoure égale ce qui le mène à réussir la quête du Graal. Hellen Miren mise tout sur une approche théâtrale, ce qui lui sied bien, mais relègue un peu toute sa profondeur cruelle et psychologique au rang de répliques enflammées magistralement menées (travail de ses expressions et de sa voix), certes, mais bien trop superficielles. Robbert Addie, en Mordred, incarne le méchant absolu, le semi-dieu déchu représenté par un garçon blond et coléreux, qui peut évoquer la figure d'un Aryen, celle de la beauté et la force qui triomphe dans le sang. Mais ce qui rend Excalibur si mythique, qui le statufie sur un piédestal inébranlable, c'est l'utilisation de partitions de Wagner et Carl Off. On est balayé par des vagues d'émotion lorsqu'on voit une troupe de chevaliers charger dans la nuit sous le dantesque Carmina Burana, et bon sang impossible de décrire l'immense morceau de bravoure que constitue le final du film, toute la dernière bataille plus les quelques minutes qui suivent, orchestré en fonction de la Mort de Siegfried de Wagner. Un sommet indétrônable, d'une richesse symbolique hallucinante, qui achève de graver e film dans le marbre du 7ème art.