C’est au tour de Brett Ratner de prendre le relai pour la réalisation d’une « suite » à la saga d’Hannibal Lecter ! Ce « Dragon Rouge » est en réalité le premier remake de la saga proposant la même histoire que celle assumée par Michael Mann en 1986 ! Nettement supérieur à l’original ne serait-ce que grâce au casting : on retrouve avec plaisir Anthony Hopkins dans son rôle culte mais nous avons le plaisir d’accueillir Edward Norton porteur du « sixième sens » et jouant au fameux jeu de chat-souris avec Lecter, Harvey Keitel sera également de la partie sans oublier l’indispensable et fantastique Ralph Fiennes dans le rôle du psychopathe au service du Dragon Rouge ! Autre élément majeur de l’équipe : Danny Elfman, meilleur compositeur de son temps capable de sublimer n’importe quel film !
Personnellement je n'apprécie que très moyennement le « Hannibal » de Ridley Scott ! Sans être détestable, selon moi, il passe à côté de ce qui constituait la force de la saga... En effet, dans « Le silence des agneaux », le personnage d'Hannibal Lecter ne devient le moteur central de l'oeuvre que par voie indirecte ! Jodie Foster incarne brillament une femme flic qui traque un tueur en série et qui va chercher l'aide d'Hannibal, psychopate enfermé. Hannibal est donc à la fois l'entrave et l'aide du bien ! C'est exactement la même logique adoptée dans ce « Dragon Rouge » et ça fonctionne beaucoup mieux ! L'adaptation de Scott focalise son intrigue sur Hannibal en liberté, l'intrigue se révèle moins ambigüe, moins passionnante, moins subtile ! Qui plus est, Ridley Scott ne prendra pas le risque d'aller jusqu'au bout des choses, les deux protagonistes Clarice et Hannibal ne finiront donc pas ensemble comme le suggérait l'histoire originale ! Par contre, nous aurons une limite franchie en ce qui concerne le gore et le malsain, ce qui desservira l'oeuvre d'autant plus ! Ne parlons pas de Julianne Moore qui n'arrive pas à la cheville de Foster... Rien de tout cela pour « Dragon rouge » qui reprend les bases qui fonctionnaient à merveille dans « Le silence des agneaux » en allant encore plus loin. Ici le personnage de Clarisse est totalement absent et ne sera évoqué qu'à la fin pour faire le lien entre les histoires. Oui « Dragon Rouge » relate des événements qui se passent avant « Le silence des agneaux ». Chronologiquement, nous avons donc « Le sixième sens », « Le silence des agneaux » et « Hannibal ». « Dragon rouge » étant un remake du premier film de la saga ! Pourquoi avoir fait ce remake ? Pour enterrer définitivement le film original ! Nul ne le contestera, le charisme d'Hopkins n'a rien de comparable avec la prestation mineure de Brian Cox ! Il était indispensable que les trois romans profitent d'une adaptation cinématographique avec Hopkins. L'occasion également de dépoussiérer le premier film de la saga datant du milieu des années 80.
Bret Ratner assumera donc ce remake, réalisateur discret qui jusque-là n'avait qu'un film « valable » à ressortir à l'approche des fêtes de fin d'année : « Family Man » du temps où Nicolas Cage jouait encore dans des films de qualité !
Brett Ratner nous offre un film de 2 heures qui nous tiendra en haleine jusqu'au bout avec souvent des séquences très stressantes !
Effectivement, le film se présente comme surfant sur les mêmes bases que celles du « Silence des agneaux », Hannibal aidant un policier à traquer un tueur psychopathe ! Cependant, là où ce « Dragon Rouge » distance le classique, c'est par rapport au développement du personnage du tueur traqué, incarné par Ralph Fiennes ! C'est la seule chose qui manquait au grand classique de Demme ! Le personnage de Fiennes a autant de place (sinon plus) que le personnage d'Hopkins ! Qui plus est, une belle dose d'ambiguïté se savoure, le personnage de Fiennes étant d'une part complètement dingue et dangereux mais d'autre part amoureux d'une femme aveugle avec qui il entretient une liaison pour le moins intense ! La psychologie développée du personnage lui donne une importance, une force ! Il n'en sera que d'autant plus inquiétant. Buffalo Bill dans « Le silence des Agneaux » était quasiment tout le temps dans l'ombre, presque sans âme, juste une menace remplissant bien son rôle néanmoins mais sans plus. Ralph Fiennes offre une concurrence certaine à Hopkins et c'est salutaire à l'oeuvre finale ! Edward Norton, décidément bourré de talent, tient bien son rôle et n'a rien à envier à la prestation de Foster quelques années auparavant ! Harvey Keitel bien que plus effacé demeure fidèle à lui-même, idem pour le casting féminin ! Rien ne sonnera faux, un pari gagné amplement ! Un film à (re)voir !