La Jeune fille est loin d'être le plus connu des films de Luis Buñuel, et pourtant il est à maints égards remarquables, car il prouve la capacité de l'auteur à fondre ses idées et ses thèmes de prédilection dans n'importe quel genre. Il s'agit ici d'un croisement entre le film d'aventures et le western (la chanson du générique se rapproche fortement de la musique country des westerns hollywoodiens), avec des personnages typiquement buñueliens : la jeune fille innocente, le pasteur craintif et dépassé par les événements, les racistes, le noir accusé de viol sur qui fond tout le malheur du monde...
Le personnage principal (si on le considère comme tel) est un individu répugnant dans toutes ses actions, traitant tout le monde de haut, frappant, violant et insultant à tout va.
Luis Buñuel fait preuve d'une certaine cruauté en ne montrant pas ce qu'il advient de ses personnages, pris dans une situation si délicate. Et son héroïne demeure un mystère comme la Mouchette de Bresson : est-elle tellement innocente que cela ? Dans la dernière scène, lorsqu'on la voit marcher en chaussures à talons, on se dit qu'elle est adulte et qu'elle ne souffre pas des horreurs de l'histoire. Mais non, elle commence à sauter à cloche-pied, et Buñuel montre par cela combien elle est la victime de l'histoire, n'étant encore qu'une simple enfant.