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ronny1
35 abonnés
913 critiques
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2,0
Publiée le 13 mai 2021
« The Young One » (La jeune fille) est un film curieux. Interprété par un casting dont même Bresson ne voudrait pas (exception faite de Claudio Brook dans le rôle du pasteur), filmé paresseusement mais sauvé par de belles images de Gabriel Figueroa, le scénario promettait un film ambitieux. S’attaquant au racisme et à la pédophilie sur fond de misère sociale, les cases des bons points (sans image pieuse car c’est Luis Buñuel) sont cochées. Mais le traitement du racisme est assez lamentable. Manichéen et balourd il tente maladroitement d’expliquer la vie d’un musicien de jazz noir confronté à des red necks suite à une plainte pour viol de la part d’une nymphomane mythomane décatie, le tout s’accompagnant d’une clarinette essoufflée. Seul le pasteur semble apporter pondération et raison (l’anticléricalisme du cinéaste est resté dans les tiroirs) à des personnages à la psychologie si primitive qu’ils en changent comme des mouchoirs en papier. Peu crédible, voir ridicule par instant, l’humour noir du cinéaste semble ici bien involontaire. La partie pédophile est nettement plus consistante. Construite avec une ambiguïté permanente elle offre une tension prenante dans les scènes d’intérieur entre l’abuseur et sa victime. Par une dernière pirouette, l’adolescente pas si innocente, montre qu’elle n’est encore qu’une enfant dans une surprenante séquence de marelle. Le moment le plus fort du film. Une curiosité ratée.
Le film profite de l'ambiance créé par l'univers clos de l'ile, en revanche Bunuel ne pousse pas son scénario assez loin, on reste sur notre faim. Il y avait pourtant des personnages intéressants à exploiter et les acteurs jouaient pas mal comme le capitaine Dobey.
C'est très loin d'être le film, un des deux seuls américains de Buñuel, le plus connu du réalisateur de "Los Olvidados" et c'est loin d'être son meilleur. On peut réussir à comprendre que c'est un film farouchement antiraciste, que le cinéaste montre les obsessions qu'ont les personnages sur la jeune fille en question du titre, peut-être pas aussi innocente qu'elle en a l'air, et donne un beau portrait de pasteur loin de tout de l'anticléricalisme que l'on pouvait attendre du type derrière la caméra ; mais le fait que la plupart des personnages changent de psychologie très souvent et de manière brutale empêche l'ensemble d'être fluide et de comprendre la finalité de cette œuvre si finalité il y a. Pas convaincu des masses...
La Jeune fille est loin d'être le plus connu des films de Luis Buñuel, et pourtant il est à maints égards remarquables, car il prouve la capacité de l'auteur à fondre ses idées et ses thèmes de prédilection dans n'importe quel genre. Il s'agit ici d'un croisement entre le film d'aventures et le western (la chanson du générique se rapproche fortement de la musique country des westerns hollywoodiens), avec des personnages typiquement buñueliens : la jeune fille innocente, le pasteur craintif et dépassé par les événements, les racistes, le noir accusé de viol sur qui fond tout le malheur du monde... Le personnage principal (si on le considère comme tel) est un individu répugnant dans toutes ses actions, traitant tout le monde de haut, frappant, violant et insultant à tout va. Luis Buñuel fait preuve d'une certaine cruauté en ne montrant pas ce qu'il advient de ses personnages, pris dans une situation si délicate. Et son héroïne demeure un mystère comme la Mouchette de Bresson : est-elle tellement innocente que cela ? Dans la dernière scène, lorsqu'on la voit marcher en chaussures à talons, on se dit qu'elle est adulte et qu'elle ne souffre pas des horreurs de l'histoire. Mais non, elle commence à sauter à cloche-pied, et Buñuel montre par cela combien elle est la victime de l'histoire, n'étant encore qu'une simple enfant.
Dans cette oeuvre forte, Bunuel s'intéresse aux deux grands maux humains que sont la pédophilie et le racisme. Installant son intrigue sur une île, le cinéaste fait se rencontrer un nombre restreints de personnages, et donne aux premiers plans du film un ton presque irréel, comme déconnecté du monde. C'est pourtant ce dernier qui surgira, obligeant les habitants à faire face aux contradictions sociales, à l'injustice, aux tabous. Le cinéaste expose son sujet avec une grande simplicité, la mise en scène réservant certaines séquences intenses, jouant sur les ombres et le décor, alternant l'aspect étouffant de l'intérieur des cabanes et l'extérieur, s'étendant à perte de vue grâce à l'océan. Bunuel semble jouer de cette ambivalence pour mieux établir l'ambiguité de l'âme humaine. C'est très réussi.