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Gérard Delteil
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4,0
Publiée le 20 juin 2015
Sorti deux ans avant la mort de Franco, ce film est une véritable allégorie sur la société espagnole sous la dictature franquiste. Les trois obsessions de cette société traumatisée y apparaissent comme celles de trois frères : la volonté de dominer, de régir la vie des autres dans ses moindres détails, le refoulement des pulsions sexuelles, l'hypocrisie religieuse et mystique. La partie sur le mysticisme peut sembler parfois un peu longue et décalée par rapport aux préoccupations d'aujourd'hui, mais elle correspond à une époque où il était difficile de parler de l'Espagne sans évoquer le rôle castrateur de l'Eglise et de la religion. La jeune Géraldine Chaplin apparait ici comme une comédienne formidable qui, confrontée à cet univers hystérique, sait incarner non seulement la beauté et la tentation, mais l'humour, la fraicheur et parfois la ruse face à ces loups. Mais son personnage n'a pas mesuré pleinement leur cruauté et leur cynisme : elle paiera cher cette erreur. Face au fascisme, c'est une lutte à la vie ou à la mort qu'il faut mener, il n'y a pas de demi mesure, même la fuite ne règle rien, nous dit Carlos Saura. L'âpreté du paysage renforce celle des relations humaines. Un très beau film.
La lourde dénonciation des tares du franquisme dans Ana y los lobos (1973), à travers diverses caricatures, réduit le film à un pamphlet, certes courageux et militant. On peut aussi souligner la grâce de Géraldine Chaplin et une lointaine influence de Bunuel. Saura fera nettement mieux avec Cria cuervos.