''Sans retour'' est un film d'action américain réalisé en 1981 par Walter Hill (producteur de la saga ''Alien''). Il confirme le goût qu'à Walter Hill pour l'action et consacre son réalisateur comme un ''petit'' maître de ce genre cinématographique.
Le postulat de ce film est assez original : neuf soldats américains de la Garde nationale s'enfoncent dans les marécages de la Louisiane. Ils sont alors attaqués par les Cajuns, habitants de ces marais. Commence alors une véritable chasse à l'homme.
''Sans retour'' peut se résumer en deux simples mots : action et mystère. L'action est évidemment caractérisée par cette très efficace chasse à l'homme. On le sait depuis ''Les chasses du comte Zaroff '' (Ernest B. Schoedsack, 1932), le motif de la chasse à l'homme a toujours été utilisé pour filmer des scènes d'actions. Quant au mystère, il naît de la menace, omniprésente, omnisciente et invisible des Cajuns. En les faisant apparaître de manière furtive dans des courts plans, Walter Hill prouve qu'il a parfaitement retenu la leçon d'un Henry Hathaway quand ce dernier filme ''Le jardin du diable'' (1954) : le mal ne doit jamais être tout-à-fait absent du plan, mais présent de manière furtive. Suggéré, mais pas trop, pourrait-on dire. A l'action et au mystère sont ajoutés des éléments qui conviennent d'être salués : le choix topographique qu'est la Louisiane avec ses marais, ses arbres tristes... A ce titre, Hill privilégie une lumière grise et les éclats ondulants de l'eau des marais aux couleurs stylistiques. A tout cela s'ajoute l'étonnante musique de Ry Cooder, presque ''cool'' qui vient rompre gentiment avec le caractère morbide de l'oeuvre.
On l'aura compris, ''Sans retour'' est un bon film d'action... et c'est tout. Ce qui frappe avec ce film, c'est son manque d'ambition. En effet, Walter Hill laisse en plan ce qui aurait vraiment pu être passionnant : une réflexion sur l'homme et plus précisément sur le retour de l'homme à la nature. Ce qui aurait pu être le nouveau ''Délivrance'' (John Boorman, 1972) n'est hélas qu'un simple (mais très efficace) film d'action. C'est d'autant plus frustrant que Hill laisse clairement voir la réflexion métaphysique qu'il aurait pu livrer : le retour à la nature, ou la vie dans la nature n'est pas source de bonheur, mais une délivrance, une délivrance des pires instincts de l'homme. Certes, Hill montre, à travers le comportement des Cajuns et de certains militaires que la folie de l'homme peut s'éveiller loin de la civilisation, près de l'isolement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que le militaire incarné par Keith Carradine, autrement dit le militaire ''sauvé'' et détenant La morale, vienne des villes. Dommage que certains militaires soient carrément caricaturaux (le militaire modèle, le militaire brute, le militaire raisonnable etc). Hill montre aussi, notamment à la fin du film, les dangers que peuvent animer ces minorités, épargnés par la Mondialisation (discours aujourd'hui qui est le contraire du bien-pensant, où l'on a tendance à sanctifier ces villages épargnés par le progrès). Mais, encore une fois, il ne faut pas oublier que l'action passe avant tout et que ce tout passe au second plan. Cette limite semble malheureusement répandu chez Walter Hill. Ce dernier est capable de trouver des sujets formidables sans pour autant livrer le grand film qu'on attendait. L'idée de faire un film de hold-up se concentrant uniquement sur le personnage du chauffeur ? C'est ''The driver'' (1978, qui inspirera d'ailleurs ''Drive'' de Nicolas Winding Refn), film juste bien fait. Idée, à l'époque inédite, de réaliser un film sur les gangs de New York ? C'est ''Les guerriers de la nuit'' (1979), chasse à l'homme dénuée totalement d'une étude sociologique qui aurait été bienvenu. Hill s'empare de bons sujets qui servent de prétexte à des scènes d'actions. Or, on aimerait beaucoup que ces sujets ne servent pas de prétexte, mais qu'ils soient étudiés par Hill, quitte à sacrifier l'action en faveur du discours. Même chose, donc, pour ''Sans retour'', qui aurait mérité d'être étoffé et surtout creusé en profondeur.
''Sans retour'' ou la descente aux enfers de neuf militaires dans les marais de Louisiane est à recommander aux amateurs de film d'action. Quant à ceux qui cherchent une expérience plus poussée, on conseillera évidemment ''Délivrance'' (Boorman a du voir ''Sans retour'' puisqu'il engagera Powers Boothe, un des acteurs principaux de ce film pour son embarrassante ''Forêt d'émeraude'' en 1985).