Par la distance qu’il maintient avec ses personnages, par son refus du sentiment au profit d’une observation froide dans un climat californien tropical, The Boys next door offre à son spectateur un bien curieux road trip teinté de sang et de sexe : la moiteur des ambiances traduit la puissance d’un désir interdit qui se heurte, lors des différentes rencontres, à une série de standards insuffisants, depuis le bar gay à la voyante en passant par les salles d’arcade ou la digue de Santa Monica. Bo et Roy, deux prénoms qui, réunis par mot-valise, forment le Boy du titre, peinent à verbaliser leurs frustrations et l’extériorisent par un débordement de violence. Le film présente l’intérêt de distinguer leur confusion intérieure, présentant le premier comme meilleur ami du second qui, lui, ne répond rien : le corps de Roy est fétichisé par une caméra tombée sous son charme, en témoigne le plan zénithal sur son buste musclé et son chewing-gum mâché ; au contraire, celui de Bo apparaît par tatouage interposé et dans l’entrelacs sensuel du corps d’Angie, constamment capté au contact des autres. S’affirme ainsi une certaine complexité de caractères, que ne lève pas une clausule aussi brutale qu’inattendue.
Pourtant, malgré la singularité d’ensemble, le long métrage de Penelope Spheeris souffre de longueurs, notamment lors des séquences en Cadillac, et d’une impression tenace de programmatisme qui occasionne un rythme en dents de scie – repérage puis passage à l’acte avant que n’arrivent les policiers et enquêteurs... Autrement dit, The Boys next door déçoit du point de vue de sa microstructure (scènes et séquences redondantes et prévisibles) mais revêt un intérêt macrostructurel qui en justifie le visionnage.