Pas vu depuis plus de vingt ans, j'avoue que redécouvrir « 48 heures » m'a fait pas mal de bien. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire à plusieurs reprises, mais Walter Hill est un réalisateur hautement sous-estimé qu'il serait grand temps de remettre à sa juste place concernant le cinéma des 70-80's. Ce film est peut-être son plus célèbre, et sans être celui que je préfère, je le trouve extrêmement efficace. On ne se donne pas de grands airs, on ne fait pas d'esprit inutilement ou de l'humour à la con pour le principe : c'est solide, (presque toujours) cohérent, bien mené, avec ce qu'il faut de « badassitude » pour que cela fonctionne, notamment à travers ce grand classique du duo mal assorti qui, sans être aussi réussi qu'espéré, se montre suffisamment complémentaire pour qu'on y adhère. Nick Nolte fait du Nick Nolte avec sérieux, et Eddie Murphy, sans être aussi réjouissant que prévu (mais sans doute Hill n'a t-il pas trop voulu le laisser en roue libre, peut-être à raison), reste assez drôle. Dommage qu'on reste toujours dans une logique très « viril-macho-grosses couilles », à l'image de la sublime Annette O'Toole, quasiment réduit à jouer les utilités, mais les seconds rôles masculins sont rarement mieux lotis, à l'image de cette vieille ganache de Brion James. Côté méchant, là encore rien de spirituel ou psychologique : juste un beau salopard cherchant à tout prix à récupérer son fric, quitte à semer la mort sur son passage, qu'incarne James Remar avec une fureur psychotique très réussie. La musique, quelques scènes énormes
(le passage où Eddie Murphy fait le show chez les « rednecks » envoie du bois)
et action présente juste ce qu'il faut font le reste pour ce polar urbain filmé presque comme un western, aussi bien dans ses thématiques que son déroulement. On en regretterait presque qu'il n'ait pas fait preuve de plus d'ambition, d'originalité, mais là n'était pas le but. Seule vraie réserve (totalement indépendante de l'œuvre) : l'ahurissant sous-titrage (québécois?) concocté par 6ter, avec son lot de mots loupés, de lettres manquantes, de traductions littérales et improbables (le « va te faire englander » pour traduire « fuck you » reste de loin mon préféré), voire carrément incompréhensibles. Du travail d'amateur : tout le contraire du film, en somme.