Magnifique western totalement sous évalué pour de mauvaises raisons évoquées ça et là : quelques grossières erreurs de raccords, une violence incomprise, mélange cosmopolite des acteurs, présence prétendument incongrue de Bibi Anderson, accumulations de poncifs. C’est méconnaitre et ne pas vraiment aimer le genre pour penser cela. Passons sur le cheval qui change de crinière ou le cadavre en bois…On ne devrait pas s’en soucier pour de si brefs instants et compte tenu du budget, la violence est relative, on l’imagine plus que l’on ne la voit et elle est indispensable pour maintenir l’ambiance, les acteurs sont tous bons qu’importe leur origine, Bibi Anderson est formidable en fausse indienne et pour cause, bravo au scénariste (un des meilleurs, très connu pour ses signatures multiples) et, depuis quand les poncifs aussi intelligemment mis en scène sont ils malvenus au cinéma ? Ce n’est pas parce qu’il n’a pas de laudateurs qu’il faut mésestimer un western comme on mésestime un champagne sans marque. ‘’La bataille de la vallée du diable’’ sera un jour réévaluée , c’est inévitable tant il contient ce qui fait l’essentiel des beaux westerns : des extérieurs somptueux, des indiens plus vrais que les vrais, des combats d’un réalisme étonnants pour 1966 avec des flèches qui nous perforent le corps, des situations logiques basées sur une grande palette de sentiments humains dont l’amour maternel, un héros magnifique, une héroïne qui ressort du lot des vedettes habituelles à la manière de Maria Schell dans ‘’the hanging tree’’, un lieutenant exceptionnel (il faut féliciter tout particulièrement Bill Travers) qui conduira ses hommes comme un général allant au bout de lui même, et un personnage insolite utile pour faire baisser la pression. Sydney Poitier y est très à l’aise. Voyez le sur grand écran et admirez. Les petits défauts disparaitront derrière le grand plaisir qu’il vous apportera si le mot Western vous est cher.
Aujourd’hui avec des projecteurs peu chers et un mur blanc, le western s’introduit dans nos maisons. A la TV il perd presque tous ses charmes.