Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Caine78
6 703 abonnés
7 398 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 24 octobre 2013
Pertinent, mordant voire même provocateur, « Les Jeux de l'amour et de la guerre » séduit par son discours totalement à contre-courant des « films de guerre » habituels, osant nous présenter un héros lâche et fier de l'être (James Garner, impeccable), qui plus est entouré par plusieurs personnages complètement à côté de la plaque, où les excellents Melvyn Douglas et James Coburn se taillent une part non négligeable. Les scènes réussies sont de ce fait nombreuses, l'intelligence des situations et la roublardise du scénario nous amenant régulièrement vers des chemins très intéressants où le courage et le patriotisme n'ont clairement pas leur place. Mais alors pourquoi seulement trois étoiles ? Et bien parce que malgré toutes ces qualités très appréciables, il manque d'un réel souffle de folie dans une œuvre qui, sur la forme, reste finalement assez sage, au point que l'on se prend à rêver de ce qu'un Joseph Mankiewicz ou d'un Blake Edwards auraient pu faire d'une telle mine d'or. En conséquent, si mon plaisir a été réel et mon esprit mis à contribution de façon intelligente et originale, je ne peux m'empêcher d'être légèrement frustré par une histoire qui aurait pu être mémorable dans des mains plus expertes. Que cela ne vous empêche toutefois pas de découvrir ce film surprenant, qui nous révélait au passage (quelques semaines avant « Mary Poppins ») la beauté et le talent de Julie Andrews. Appréciable.
Il vaut mieux être un lâche vivant (dans le terme militariste du terme !!!) qu'un héros mort ; voilà le discours de fond peu conventionnel pour un film de cette époque et de ce genre qui s'avère sous des airs comiques et romantiques une féroce charge antimilitariste. Rien que pour cela, "Les Jeux de l'amour et de la guerre" vaut incontestablement le détour et le respect. Mais là où le film est aussi franchement excellent, c'est pour ses acteurs et ses personnages ; comme le reconfirmera plus tard "Victor Victoria", l'alchimie entre James Garner, ici en tire-au-flanc professionnel (mais malchanceux !!!) et fier de l'être, et la charmante Julie Andrews est parfaite, James Coburn, en baiseur en série inquiétant par son absence de scrupules pour ce qui serait de buter son meilleur pote au besoin, est en grande forme mais le meilleur du meilleur revient sans conteste à Melvyn Douglas, génial en amiral qui a sérieusement perdu la boule (ses moments d'immobilisme sont énormes !!!). L'histoire part d'un argument totalement saugrenu, le premier mort à Omaha Beach doit être forcément un marin quitte à beaucoup aider pour ça, mais rendu totalement crédible ici en s'appuyant judicieusement sur la logique de la connerie militaire. La réalisation, par un beau noir et blanc et un grand soin dans la composition des plans, rend le tout visuellement agréable (une très belle séquence de rupture sous la pluie notamment !!!). Quelques petites faiblesses de rythme au milieu mais on s'en fout... Et la fin enfonce définitivement, délicieusement et heureusement le clou pour ce qui est de montrer la crétinerie et l'hypocrisie de l'Armée. Je ne pouvais qu'adorer... (et donc ça a été un très bon choix pour mon 1000ème film de l'année !!!).
13 713 abonnés
12 426 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 24 février 2010
Vraiment èdifiant, les coulisses du dèbarquement! Avec "The Americanization of Emily", le cinèaste Arthur Hiller signe une oeuvre courageuse, sur un scènario explosif de Paddy Chayefsky: prèparant le dèbarquement en Normandie, un amiral pense que, pour obtenir davantage de crèdits au Sènat, il vaudrait mieux que le premier mort soit un marin! Aussi, par mesure de sûretè, il fera tuer l'un de ses hommes par l'un de ses proches collaborateurs (qui filmera cette mort)! Le très bon James Garner, la fausse naïve Julie Andrews, ainsi que Melvyn Douglas, en savoureux amiral qui perd le nord, sont les comèdiens de cet excellent film au ton grinçant et à la mise en scène inspirèe qui dèmystifie quelque peu le "sèrieux" de la guerre et de ses rouages! Une rèussite qui oscille entre le cinèma de Blake Edwards et Robert Altman...
Surprenant très surprenant que la découverte de ce film qui est totalement inconnu alors que c'est un film de guerre assez atypique car drôle alors que l'on parle de la seconde guerre mondiale et surtout de l'engagement des soldats pour défendre leur patrie. C'est bien écrit, c'est bien joué, bien réalisé, je suis ravi de cette découverte, ça ressemble un peu à MASH et ça parle déjà de la guerre spectacle que Clint Eastwood nous présente encore mieux dans Mémoires de nos pères.
Cette comédie antimilitariste des années soixante nous montrant de hauts gradés américains incompétents et séniles mener la grande vie à Londres à la veille du débarquement, possède à la fois un charme suranné et une acidité bien d’actualité. Le personnage central, officier d’ordonnance poltron, cynique, profiteur et séducteur, propulsé malgré lui au rang de héros, est prétexte à une morale de la lâcheté préférable à l’héroïsme va-t-en-guerre qui génère tant de catastrophes. Un film audacieux à une époque où l’Amérique allait s’embourber au Viêt-Nam.
Comment ce film peut-il être si méconnu? Il est pourtant d'une audace et d'une pertinence rares, en plus d'éclairer sur un aspect de la guerre méconnu. Apologie de la lâcheté en temps de guerre sans pour autant dénoncer celle-ci (mais uniquement sa supposée "vertu", et tous ses sacrifices), le film est doté d'un humour d'une noirceur impressionnante. Deux thématiques s'entremêlent dans le film. D'un côté le conflit entre l'attitude américaine et l'attitude anglaise, qui électrise le couple, et qui est symbolisée par la fonction de notre trouillard, à savoir faire en sorte que les très hauts gradés aient l'impression d'être en pleine opulence. De l'autre, la pression et les intérêts divergents avec lesquels les généraux et amiraux doivent se débattre. Ici, il s'agit de réhabiliter la marine en montrant son rôle indispensable au succès du jour J. Pas d'allemand ici, la marine lutte contre l'armée de l'air qui a vu son importance décuplée lors de cette guerre, les anglais et américains sont également en conflit, à cause de leurs situations et implications très différentes dans cette guerre, en plus d'un état d'esprit opposé. Les dialogues sont acérés, l'interprétation impeccable, la mise en scène sans faille. Le film n'a pas l'ampleur ni l'importance d'un film comme La grande illusion ou Le colonel Blimp, mais il est passionnant de bout en bout.
Magnifique éloge, vibrant et argumenté, de la lâcheté militaire donnant lieu à un récit culotté qu'Arthur Hiller a traité comme un film dramatique avec sérieux et sobriété. Le scénario de Paddy Chayevsky, l'auteur de NETWORK, au dialogues plus méchant et mordant que jamais du genre: "ce n'est pas nous, stupides américains, qui avont introduit la guerre sur votre petite île. Cette guerre, vis-à-vis de qui nous, Américains sommes tellement insensibles, est le résultat de deux mille ans d'avidité, de barbarisme, de superstition et de stupidité de l'Europe. Ne jetez pas la faute sur nos bouteilles de Coca-Cola. L'Europe devenait un bordel bien avant notre arrivée..." Tourné alors même que les Etats-Unis commencent à s'enfoncer dans le bourbier vietnamien, LES JEUX DE L'AMOUR ET DE LA GUERRE voit son héros faire l'éloge de la lâcheté et de la couardise...Une oeuvre longtemps invisible (et pour cause...) à découvrir impérativement !!!