Actrice notamment dans "Gomez et Tavarès", Laetitia Colombani passe de temps en temps derrière la caméra comme ce fut le cas en 2002 pour son troisième film, "A la folie pas du tout". Autour d'un casting d'acteurs en pleine ascension - Audrey Tautou tout juste auréolé du succès d'"Amélie Poulain" et Samuel Le Bihan qui venait de trouver son meilleur rôle pour "Le pacte des loups" - la réalisatrice signe un film surprenant conçu comme un magnifique leurre. On se laisse donc embarquer dans cette histoire au premier abord prévisible et classique d'une femme éprise d'un homme marié et qui ne parvient pas à se rendre compte du fiasco qui lui pend au nez. Dénué d'une quelconque originalité, la première partie laisse tout de même apparaître quelques zones d'ombres, quelques incohérences scénaristiques qui intriguent véritablement le spectateur sur le sens même du film. Puis soudain, l'histoire prend une autre tournure, repart du début pour nous raconter la même chose mais d'un point de vue différent. Tout d'un coup, tout devient limpide et on comprend rapidement pourquoi la cinéaste avait disséminé autant de zones d'ombres et d'incohérences dans les agissements et le caractère du personnage d'Angélique incarné par Tautou. Ce retournement de situation impromptu donne toute sa saveur au film et séduit par ses incursions dans le thriller psychologique. Connaissant maintenant le déroulement du scénario, un peu plus de folie aurait peut-être été bénéfique à l'ensemble mais mieux vaut ne pas trop bouder son plaisir qui est au bout du compte bien présent. Comme certaines personnes, j'ai beaucoup de mal à dissocier Audrey Tautou d'Amélie Poulain et même si ce personnage est atypique, on retrouve le sourire et la légèreté qui caractérisent le jeu de l'actrice dans le film de Jeunet. On peut regretter aussi le refus de Laetitia Colombani de choisir entre la comédie et le thriller tant une surenchère d'humour noir n'aurait pas été de trop.