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norman06
344 abonnés
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4,0
Publiée le 21 mars 2011
Poursuivant les recherches plastiques de L’aurore, Murnau signe son premier film typiquement américain, par son lyrisme et l’aptitude à cerner le contraste entre la grande ville oppressante et les plaines faussement rassurantes du Minnesota. Si le film fut souvent sous-évalué, en raison d’une emprise des studios sur le scénario et le final cut, il faut redécouvrir cette œuvre lumineuse. Jean Douchet, qui a présenté City Girl à la Cinémathèque de Nice en mars 2011, est l’auteur de l’analyse filmique présente dans le bonus du DVD.
Murnau m'avait déjà bouleversé avec L'Aurore. Et rebelote avec ce City Girl vraiment sublime du début jusqu'à la fin. Une nouvelle fois on assiste à une véritable merveille visuelle qui nous propose d'éclatants moments de poésie. La photographie n'est pas étrangère à cette splendeur grâce à son noir et blanc lumineux, et la réalisation de Murnau est juste formidable. La séquence de l'arrivée des amants à la ferme est sidérante de beauté. Non seulement parce que c'est bien filmé mais surtout parce que le cinéaste a ce talent de capter le bonheur, de capter des émotions sincères et de saisir le vrai (donc le beau). On résume souvent le film à cette seule scène d'ailleurs, ce qui est compréhensible mais il ne faut pas non plus sous-estimer le reste qui reste vraiment magnifique. D'ailleurs je pense que si le film était parlant, il n'aurait pas eu le même impact. Le couple Farrell/Duncan est juste génial, tout comme il l'était dans La Femme au Corbeau dont j'espère toujours que les bobines manquantes seront retrouvées un beau jour. D'ailleurs j'ai tendance à préférer Mary Duncan à Janet Gaynor, je la trouve beaucoup plus "femme", avec un charisme magnétique. On ressent dans City Girl une véritable alchimie entre les deux personnages, on croit à leur romance qui prend d'ailleurs le temps de naître (même si dans les films de l'époque les gens ont tendance à vouloir se marier très vite).
On constate aussi que le film est sorti durant un contexte économique qui était (ou allait bientôt être) très rude. La crise du blé vient perturber les finances des agriculteurs, créant ainsi un climat de tension dans les campagnes américaines. City Girl arbore une dimension sociale beaucoup plus prononcée que dans les autres Murnau que j'ai pu voir avec l'opposition ville/campagne en premier plan dans une Amérique qui n'est plus idéalisée. Et j'ai été touché par cette histoire d'amour contrariée par le contexte extérieur, contrariée par un beau-père bourru qui déversera sa haine sur cette "opportuniste" venue de la ville. Je trouve que le film fonctionne sur un schéma manichéen qui fonctionne, bien que je le trouve un peu simpliste, seule chose que je reproche au film d'ailleurs. Car dedans le portrait des campagnards est peu flatteur même si Murnau ne délaisse jamais toute la beauté qui peut caractériser l'humain. Et c'est d'ailleurs pour ça que le film m'a ému, parce qu'on a deux personnages purs et sincèrement amoureux l'un de l'autre qui vont tenter de faire survivre leur amour malgré toutes ces oppositions.
En définitive, nous avons là un grand film plein de poésie et de sensibilité qui ne fait on plus l'impasse sur des scènes plus dures voire impitoyables, ce qui donne de la force au récit. City Girl est une nouvelle fois la preuve qu'une histoire d'amour dans le cinéma muet peut encore toucher et émerveiller. Ce film a 86 ans quand on y repense, c'est fou de voir à quel point il fonctionne encore aujourd'hui, signe de son épatante modernité et de l'énorme talent de Murnau. Je suis d'ailleurs certain que pas mal de cinéastes (dont un certain Malick) y ont vu une source d'inspiration. Vraiment un très beau film, je suis sous le charme.
Il faut savoir que cette version de City Girl n'a rien à voir avec celle sortie à l'époque dont le montage était totalement différent (film plus court) au point que la personnalité des personnages était complétement différente. Enfin apparemment cette version a disparue (pour le bien de tous?). Ce film ci est donc la version muette qui se rapproche le plus de ce que souhaitait Murnau. Cela reste tout de même une supposition étant donné que le réalisateur a quitté le projet avant la fin en rompant son contrat avec la FOX. On dit de City Girl qu'il est le film le plus "Américain" de Murnau. C'est en partie vrai. Déjà le titre a été changé, Our Daily Bread est devenu City Girl (sans que l'on lui demande son avis). Ensuite la mise en scène est très éloigné du Murnau des débuts (Nosferatu, Faust) c'est à dire l'expressionisme Allemand. Comme toujours on constate le génie de l'homme dans la réalisation. Les scènes en villes sont très dynamiques et efficaces, et les plans à la campagnge sont d'une beauté hallucinante et rappellent par moments un certain film de Malick (Les Moissons du Ciel). Il faut aussi souligner l'utilisation de la lumière absolument excellente et d'une maîtrise absolue. Murnau savait exactement ce qu'il voulait. On ne saura jamais si cette version lui aurait plus ou pas surtout qu'entre temps il avait envoyé des suggestions pour le montage final qui n'ont pas été respecté. Mais pour moi ce film est une vraie perle, il passe même encore mieux que l'Aurore (techniquement parfait mais avec quelques longueurs) peut-être du fait que, comme cela est dit, City Girl est un film avec une mise en scène à l'américaine est que ça passe mieux au niveau du grand public familiarisé au genre.
Le film est parfait pour l'époque mais pas spécialement intéressant sinon pour se faire une idée de l'atmosphère de l'époque et l'ecart entre ville et campagne, on voit que les américains voyaient déjà les choses en grands avec des attelages d'une 20 de mules pour tirer leurs moissoneuses.
Sorti en 1929, ce film aborde la vie paysanne après l'intrusion d'une femme de la ville dans leurs vie. Sortie avant "l'aurore", le film semble en être une pré-version abordant cependant le sujet de façon différente et, peut être, moins inspiré. Cependant, le film reste une merveille de mise en scène, usant des ficelles typique de Murnau : usage du cadre symbolisant vie et mort, jeu d'ombres et de lumière,... Au final, on a affaire à un film fabuleux, symbole du génie de son auteur.
L'Intruse ne possède pas d'intrigue particulièrement intéressante, le film reprend le thème de l'opposition ville/campagne déjà exploité dans L'Aurore. Non, ce qui est vraiment exceptionnel dans City Girl, c'est le traitement réservé aux personnages : la caméra virtuose de Murnau se promène sur les regards de tous ces gens, et on y décèle la crainte, la joie, la colère ou l'amour. Les éclairages suggèrent les mouvements de l'âme qui se traduisent par une fureur de sentiments. City Girl, cette histoire de passion improbable, fragilisée par le passage d'un univers (la ville affairée) à un autre (la campagne, ses traditions et sa brutalité) est l'un de ces récits intimistes d'une simplicité charmante, et le génie de Friedrich Wilhelm Murnau (qu'on ne se lasse pas de le traiter de plus grand cinéaste du Cinéma Muet) est présent dans les moindres plans : une grâce inouïe dans ces mouvements de caméra signés Ernest Palmer, et un sens de la narration si maitrisé que tout carton devient inutile.
Avant-dernier film de Murnau, City Girl a les apparences d’un simple mélo, mais s’élève bien au-dessus de cette appellation restrictive. Il dépeint les rapports familiaux, l’arrivée d’un nouveau membre au sein de cette famille, et surtout le monde qui sépare la vie de la campagne et celle de la ville ; dans une première partie, nous avons le héro qui vient du monde rural et découvre la ville (Chicago) ; puis, dans la seconde partie, ce même héro rentre chez lui avec une femme sous le bras, une serveuse qui découvrira le monde rural. Murnau, génial esthète en avance sur son temps, fait de ce qui aurait pu être lourd et rébarbatif un film d’une grande beauté lyrique et poétique, et ce grâce à une mise en scène sublime, dont le point d’orgue est peut-être l’arrivée de Kate à la campagne.
Kate (Mary Duncan dans la performance de sa vie), une serveuse de Chicago, rencontre et tombe amoureuse de Lem, un jeune fermier venu en ville pour vendre le blé de son père. Kate est une fille sincère, dure à la tâche, toujours soucieuse de plaire. Malheureusement, lorsqu'elle arrive à la ferme avec Lem, elle est accueillie glacialement par son père. Celui-ci n'a de cesse de tenter de l'éloigner de Lem car il croit, à tort, qu'elle court après sa fortune. Murnau a tourné ce film en 1929 en deux versions (muette et parlante) et c'est heureusement la meilleure qui est parvenue jusqu'à nous. Un drame bouleversant mais aussi, magnifiquement filmée, une pastorale qui déborde de tendresse. La course des deux amoureux dans le champ de blé a inspiré, raconte le chef opérateur Nestor Almendros dans ses souvenirs, la photographie de "Days of Heaven". Caché dans l'ombre de l'Aurore, un joyau du cinéma muet.
Le film m'a fait à peu près le même effet que Sunrise, ou presque : des frissons à chaque plan. On peut peut-être déplorer (mais ce serait vraiment chipoter) qu'il y ait une légère dilution émotionnelle pendant 15-20 minutes (même si le film reste très agréable à suivre) mais Murnau n'a pas son pareil pour retranscrire une sensibilité authentique à l'écran : la scène de l'arrivée à la ferme et le final atteignent des sommets de poésie.
Il y a des films qui foutent une pêche d'enfer et qui vous mettent tellement en joie que vous avez envie d'applaudir à vous en faire saigner les mains et de bondir partout au risque de péter votre parquet. City Girl en fait partie. Murnau est quand même un sacré bonhomme, j'aimais déjà beaucoup L'Aurore et Nosferatu (mais j'ai quand même une furieuse envie de le revoir), mais là c'est encore mieux. Que dire d'autre à part que la photo est sublime et que Mary Duncan, actrice qui joue Kate, l'est tout autant ? Il n'y a rien besoin de plus pour faire du cinéma. Je trouve que la musique composée spécialement pour le dvd colle très bien au film, je ne sais pas si c'est ce que Murnau aurait voulu, mais elle ne fait que rajouter à la beauté des images. Un film devant lequel on se sent bien, on vit tranquillement, la fin est tout bonnement merveilleuse, cette femme purée, je pourrais la regarder pendant toute une journée sans me lasser. Le film fait un portrait très juste de l'Amérique, mais pas forcément idéalisé, voire même légèrement désespéré. Les personnages se rendent bien compte au bout d'un moment que ces espoirs de vie idéale c'est un peu des conneries. Alors oui la fin est moins nuancé, mais qu'importe, c'est tellement beau. Finalement le titre français n'est pas forcément dénué de sens, mais je préfère de loin City Girl, c'est la fille qui vient de la ville, qui arrive dans un monde d'hommes (pour un peu on se croirait chez Hawks). Quelle bonne idée d'avoir ressorti le film, car il vaut la peine d'être aussi connu que L'Aurore, et même plus car c'est encore mieux ! Je viens de me faire un nouvel ami précieux !
Dans le cadre du festival Fimé qui propose un accompagnement des films muets par un orchestre en direct, ici l’excellent Max Atger trio (p, b, dms), une œuvre méconnue de la période hollywoodienne de Murnau, narrant la difficile adaptation d’une citadine à la rude vie de la campagne. Une histoire assez banale illuminée par le talent de Mary Duncan.
Un très bon film de Murnau où l'on retrouve les qualités que possèdent la plupart de ses films: cadrages et éclairages soignés, suspens habilement ménagé et des thèmes intéressants. Cependant, ce film, assez américain dans sa conception, n'atteint pas l'ampleur de l'Aurore, qui combinait l'héritage allemand de Murnau et son enthousiasme de nouveau réalisateur hollywoodien. La dépendance des campagnes vis-à-vis du monde très différent de la ville est montré, mais de manière insuffisante, puisque ce thème social cède rapidement le pas devant les aventures que vit le couple.
Excellent et superbe film que j'ai beaucoup apprécié. La musique est magnifique, colle parfaitement à chaque tableau du scénario. L'histoire est sociologiquement intéressante, et dépeint un portrait de l'Amérique rurale et citadine, avec un manichéisme prononcé et fort intéressant à analyser Beaucoup de thématiques sont intéressantes et m'ont touché, de la différence entre habitants de la ville et de la campagne, la grossièreté des hommes en général, la crise avec la chute du prix du blé, ou encore tout simplement l'amour, si brillamment montré, fait de légèreté! Mon esprit s'emballe, surtout pour des scènes superbes et virtuoses. Malgré tout, le film s'essouffle un peu à mon goût dans la seconde partie (ce qui lui vaut une petite pénalité au niveau de ma note), car il va pas assez au fond des choses, en laissant tomber le côté sociologique ainsi que les thématiques les plus intéressantes pour tomber dans le mélodrame typique. Dommage!
La crise de 1929 est en filigrane du film. L'effondrement du cours du blé à la bourse ne semble pas préoccuper le père intransigeant . Il exige que son fils vende le boisseau à 1 dollar 15 l'unité dans sa lettre de recommandation. Ce qui s'écrit en signes commerciaux de l'époque : bushels@1.15 ... On dirait une adresse email anachronique alors qu'on reparle aujourd'hui d'une crise analogue à celle de 1929. Le blé est toute la vie du père et il s'emporte en apprenant que son fils n'a obtenu qu'un dollar 12 par boisseau. Ce père qui place le travail au dessus de toutes les autres valeurs ne voit pas les qualités de sa future bru .
Un jeune fermier est parti en ville pour vendre du blé. Il retourne chez lui accompagné d'une jeune fille citadine avec qui il s'est marié. La confrontation du couple avec un père autoritaire et rétrograde ne s'est pas fait attendre . Aussi toute la société ce ce monde rural a fait souffrir le martyre à notre héroïne. film muet mais exquis.