Si le western "spaghetti" en tant que tel est né avec Leone, il faut rappeler que ce n'était pas la première fois que l'Italie s'essayait au western. L'année 1963 a en effet vu l'apparition sur le marché, en Italie, d'un sympathique petit pistolero, un certain "Ringo". Un personnage campé par Montgomery Wood (faut pas chercher bien loin pour comprendre d'où vient ce pseudonyme), c'est-à-dire Giuliano Gemma, un acteur sautillant connu pour sa participation à d'improbables (et délirants) péplums italiens. Le diptyque sur les aventures de Ringo au Far-West se révèle assez intéressant dans la mesure où il met en évidence l'avant et après "Pour une Poignée de dollars". Le premier épisode, intitulé "Un pistolet pour Ringo", est bien plus proche du western bouffe américain voire du film à sandales italien que du western spaghetti. Sur une trame on ne peut plus classique, il détourne le genre pour en faire une sorte de cour de récré, dans laquelle les acteurs peuvent se déchaîner pour notre plus grand plaisir. Une énorme farce chassant par moments sur les terres de Cervantès. Un film fort sympathique je dois dire, drôle et bien rythmée, et dont la valeur artistique est tirée par le haut par la magnifique musique de Morricone. Le second, soit le film ci-présent, est complètement différent. Si c'est avec joie que l'on retrouve la même troupe, force est de constater que le ton a changé. Il s'agissait alors de s'aligner sur les nouvelles règles du genre, chose qui fût sans doute faite à contrecoeur… au point que le personnage dévie vers une troisième direction. Ce n'est certes plus le chenapan du premier épisode, mais il n'est pas devenu un réservoir à cynisme pour autant. Loin de là, il devient un être tragique, contraint à s'enfermer dans la pauvreté pour pouvoir préparer sa vengeance à la manière d'Ulysse (et alors là ça barde !). Adaptation honorable du dernier passage de l'Odyssée (un juste retour aux sources après tout), "Le retour de Ringo", tout maladroit qu'il est, est vraiment émouvant. Une fois encore, Morricone y est pour beaucoup. Deux films à voir, surtout pour les adeptes de westerns, pas que spaghetti.