Il n’y a pas photo, le star system, bien qu’ayant marché durant quelques années (dont Broken Arrow, Ennemis rapprochés ou encore Rock), aujourd’hui sonne le glas pour ce genre de production (il n’y a qu’à voir les échecs de certains films tels que Firewall ou le récent Droit de Passage). C’est dans cette catégorie que peut se ranger Dangereuse séduction, film au titre tout droit sorti d’une playlist érotique de la TNT, aux airs de thriller sulfureux mettant en avant comme couple vedette Halle Berry/Bruce Willis. Et comme la plupart des derniers produits du star system, la sauce ne prend pas avec Dangereuse séduction.
D’une part par sa promotion hautement mensongère ! Et pour cause, sur le papier, vous vous attendez à quoi ? Personnellement, à retrouver le Bruce Willis de Color of Night dans une scène torride avec la sculpturale Halle Berry. Dans un film à l’ambiance porno assumée jusque dans le titre ! Que nenni ! Rien de tout ça n’apparait à l’écran. Vous voulez un ordre d’idée ? La seule scène érotique (si l’on peut la nommer ainsi) et une séquence de quelques secondes, hors champ, des gémissements se faisant entendre, les partenaires étant habillés. Au lieu de ça, le film préfère se concentrer sur sa partie policière/thriller. Une bonne chose au final (Color of Night était déjà bas de gamme à cause de son côté sensuel inutile) si l’on sait l’exploiter… Et malheureusement, l’équipe de Dangereuse séduction se casse littéralement la gueule !
Déjà scénaristiquement ! Si l’ensemble arrive à éveillé un peu notre curiosité (le personnage d’Harrison Hill est-il un tueur comme on peut le prétendre ? est-il responsable de la mort de l’amie de l’héroïne ? que va-t-il arriver à cette dernière qui tente de séduire ce mec pour avoir des réponses ?), le script fourmille pourtant de détails dont on se serait grandement passé ! À commencer par des moments de chat virtuel verbalement cochon et qui s’étire un peu trop en longueur (on fait un film érotique ou on ne le fait pas !! à vous de voir les mecs !) qui ne serve strictement à rien, à part à meubler le film. Puis le passé de l’héroïne qui revient de temps en temps en flashes-back. Des souvenirs mal intégrés dans l’histoire, tant on se demande souvent à quoi peuvent-ils servir dans l’histoire. Bon d’accord, cela explique le final et les révélations (désolé pour ce spoiler). Et du coup, ça en vient à un autre problème : les révélations justement ! L’équipe du film s’est tellement pressé à livrer un polar qu’elle s’est permise de partir dans de nombreuses direction pour désorienter le spectateur (le rôle du collègue de l’héroïne dans l’histoire, celui d’Harrison Hill, le lien de l’enfance de l’héroïne avec tout ça…) et le faire réfléchir. Le problème est que tous ces chemins sentent l’invraisemblance à plein nez ! Ou bien se montrent prévisibles par moment. Le film perd donc en crédibilité et donc en intérêt.
Même la mise en scène semble partir dans diverses directions, sans arriver à choisir laquelle emprunter. Un moment, Dangereuse séduction prend des airs de thrillers, avec des plans posés et lents, une musique discrète, pour créer une ambiance pesante. Et puis l’atmosphère s’allège sans raison comme si le film n’était finalement qu’une petite comédie où la complicité entre Rowena et Miles semble tout droit sortie d’un American Pie. Constat confirmé par les (dispensables) séquences de chat virtuel. Ajoutez à cela un montage en dents de scie, où les scènes et la narration se mélangent à volonté pour former une action en parallèle tel Christopher Nolan qui maîtrise ce procédé à merveille contrairement à ici, et vous avez sous les yeux un film véritablement brouillon, fait à la va-vite voire pas fini !
Nous pouvons tout de même nous reporter sur la casting. Bien que l’on ait vu mieux ailleurs, cela aurait pu être pire ! Si Dangereuse séduction n’a rien d’érotique, on retrouve néanmoins le Bruce Willis de Color of Night, gentiment séducteur (et même un chouïa inquiétant) sans pourtant arriver à casser la baraque. Halle Berry sort enfin de son inexpressivité propre à son rôle de Tornade dans X-Men et se montre plutôt craquante dans cette histoire, partant tout de même par moment dans l’excès d’expressions. Et puis Giovanni Ribisi, sans doute le meilleur comédien de cette bande, qui arrive à montrer toute la complexité de son personnage (bien que scénaristiquement parlant, le travail fait sur ce protagoniste reste tiré par les cheveux).
On ne va tout de même cracher sur Dangereuse séduction, qui se montre être un gentil polar qui fait passer le temps. Mais une fois fini, c’est tout de même un film indécis et prétentieux qui s’est offert à nous ! Tellement prétentieux d’avoir voulu être un thriller de bonne facture qu’il s’est fatalement emmêlé les pinceaux. Aussi bien dans la mise en scène que dans son écriture. Prétentieux également dans le fait de n’avoir compté que sur la présence à l’affiche de Bruce Willis et d’Halle Berry, sans doute. En bref, le piège typique du star system : avoir des célébrités pour faire le job et oublier le reste !