La volonté des studios de vouloir entamer tout une démarche visant à promouvoir en franchise le personnage clef du romancier Tom Clancy, à savoir l’analyste Jack Ryan, fort du succès d’A la poursuite d’octobre rouge, magistral soit dit en passant, aura mené à une collaboration entre un réalisateur quasi novice et une star planétaire. Oui, ne pouvant plus compter sur Alec Baldwin, les producteurs se rabattent sur Harrison Ford, d’abord réticent, puis convaincu de pouvoir amener d’avantage à un personnage qui aura cumulé quelques sorties depuis, et dont on parle encore pour le futur. Du produit brut Tom Clancy métamorphosé en franchise hollywoodienne avec une certaine réussite.
Jeux de guerre ou la redécouverte d’un héros contemporain est l’archétype d’une certaine qualité propre à la fin des années 80 et des années 90, à savoir un techno thriller respectable et abouti, tout en étant relativement simple d’accès, à l’inverse d’un plus récent Syriana, pour ne citer qu’un exemple. En somme, le public est invité ici à réellement faire connaissance d’un personnage dont l’industrie entend tirer profit. L’on nous présente dès lors un Jack Ryan père avant tout, bienfaiteur occidental, anti-héros et tête pensante d’une agence fédérale que le cinéma s’était jusqu’alors employé à salir. Oui, l’individualité du personnage principal et la bienveillance de ses camarades gomme l’aspect patriotique de l’œuvre, son américanisme modéré mais tout de même bien présent.
Jack Ryan, donc, confronté à des séparatistes nord irlandais, une branche dissidente de l’IRA en quête de vengeance envers sa personne. Peu crédible d’emblée, certes, mais à force d’ouvrage, le crédo de Philipp Noyce et ses gars, soit rendre la vie dure à un gaillard honorable, devient emblématique de ce que le monde bien doit représenter face au mal. En somme, si ça paraît dérisoire, l’on nous fait avaler la pilule sans que l’on ne réagisse. Un thriller politique d’une toute bonne qualité, finalement peu crédible même des mains de Tom Clancy, mais offrant de beaux aspects de ce que le personnage d’action type peut perdre au profit d’un héros d’avantage proche de la masse.
Harrison Ford, excellent, rempilera quelques années plus tard dans la peau de Jack Ryan, toujours sous les ordres de Philipp Noyce. L’on soulignera tout de même la superbe BO dont nous gratifie James Horner, une BO très orientée vers l’Irlande, très sombre. Un semi classique des années 90, respectable autant qu’audacieux, inversant quelques modes. 14/20