Trois ans après "Les sept mercenaires", John Sturges dégainait touours aussi rapidement son six-coups : "La grande évasion" (1963) sortait sur nos écrans.
Pour cela, Sturges a adapté le roman éponyme de Paul Brickhill, lui-même interné dans un camp de réfugiés, les fameux stalags. Basée sur une histoire vraie, "La grande évasion" rend ainsi hommage aux évadés morts et assassinés pour leur patrie.
Le scénario (une fois arrivés dans un stalag, des officiers alliés récidivistes de l'évasion ne rêvent que d'une chose : se faire la belle) est ainsi écrit par James Clavell (scénariste de "La mouche noire" (repris par Cronenberg dans les 80's) avec Vincent Price dans le rôle titre) et W.R. Burnett ("Scarface" (l'original, lui aussi), "Tueur à gages" et "Quand la ville dort", c'est lui !), soit deux maîtres incontestés en la matière.
En parlant de maître, notons une bande-originale collant parfaitement à l'esthétisme du film. Encore du beau travail maëstro ! Elmer Bernstein, déjà présent sur "Les sept mercenaires", ne fait certes pas dans le neuf mais a l'art de rendre palpitant l'ensemble, et ce grâce à ses partitions, toujours dans le bon ton, ainsi que la réalisation plus que virevoltante d'un John Sturges en grande forme.
Sturges apporte suspense, tension, dialogues et situations qui font le charme du film, tant au niveau des trouvailles scénaristiques (merci Clavell et Burnett !) que de l'humour, euphorisant à souhait, présent du début jusqu'à la fin (et même dans le générique dixit Steve McQueen, le Roi du frigo !).
Pour en venir au casting, nous avons affaire à une bande de joyeux lurons en quête de liberté. Nos professionnels de l'évasion ont tous droit à leur minute de folie, mais je tiens à souligner leurs interprétations qui tiennent toutes du sans-faute. Et de mettre une mention spéciale au trio Bronson-Lennie-McQueen pour leurs âmes torturées, très bien écrites et jouées à la perfection. Sans doute l'un, si ce n'est le meilleur, de Steve McQueen (voire "Papillon", rôle identique qu'il reprend au début des années 1970 pour comparer).
Présent donc sous la houlette de John Sturges : Steve (qui connut ici son heure de gloire), notre ami Charles (harmoniciste amateur mais néanmoins professionnel du gunfight), Angus Lennie (il se fit ainsi star de l'année), Donald Pleasence (qui bluffa 007 dans "On ne vit que deux fois", et revu dans "Le dernier nabab" de Kazan, "New York 1997", ...), Robert Graf (il est dorénavant producteur pour les frères Coen : "O'brother", "Burn after reading") ; et dans le désordre, Attenborough (mondialement connu pour son rôle de John Hammond dans "Jurassik Park"), Garner (il est popularisé lui-aussi. "Grand prix" de Frankenheimer, "Maverick" de Donner, "Space cowboys"), Coburn (dynamiteur pour Sergio Leone, il fit partie des 7 réunis par Brynner pour l'occasion) et James Donald (déjà vu dans le "Van Gogh" de Minelli et chez David Lean pour son "Pont sur la rivière Kwai").
Pour résumer, "La grande évasion" se regarde toujours autant pour sa galerie de trognes inévitable, sa course de moto entrée dans la légende grâce à McQueen, et à John Sturges, The Magnificent.
2 ou 3 étoiles, peu importe, un classique à voir au moins une fois dans sa vie.
Une irrésistible envie de vous évader pour un soir amis spectateurs ? Sans doute, mais ne déménagez, ni pour le stalag, ni pour le frigo ! Le rendez-vous est fixé devant la télé. Schnell !!