Vu il y a quelques années et ne me souvenant quasiment de rien, la ressortie de « L'Affaire Thomas Crown » au cinéma me paraissait être une bonne opportunité pour le redécouvrir. Et c'était vraiment pas mal. Très ancré (fin) 60's, il se regarde avec un certain plaisir, la maîtrise de Norman Jewison étant réelle quant à la forme qu'il veut donner au film. Soyons clairs : sur le fond, c'est assez léger voire futile, de façon assez assumée, d'ailleurs. Ce qui intéresse le réalisateur, c'est dans un premier temps le braquage, puis ce délicieux jeu du chat et de la souris auquel se livre Steve McQueen et Faye Dunaway dans un « duel sentimental » follement glamour et plein de charme : un très beau duo de cinéma, assurément. Chacun joue sa partition avec élégance, sans tromperie : les enjeux sont clairs dès le départ, rendant les situations d'autant plus intéressantes. Après, comme je l'ai déjà écrit : une fois l' « affrontement » mis en place, il ne se passe plus tant de choses. Cela ne m'a pas empêché d'être presque surpris par l'apparition du générique tant je n'ai absolument pas senti ces cent minutes passer, ce qui est, évidemment, plutôt bon signe. Avec, en bonus, quelques détails assez piquants, surtout pour l'époque :
le jeu de regards entre le beau Steve et l'éclatante Faye durant la partie d'échecs, la seconde « astiquant » langoureusement son pion durant ce même jeu, le plus long baiser de l'Histoire du cinéma à l'époque (toujours dans la continuité de la scène!!)
... Sans oublier, pour la première fois à l'époque, l'utilisation du split screen, technique consistant à diviser l'écran en plusieurs parties, n'existant quasiment plus aujourd'hui mais très en vogue dans les années 70. Ah, j'oubliais : même si tout le monde adore, « The Windmills of Your Mind » et la musique de Michel Legrand en général ne sont vraiment pas les points forts, collant parfois mal à l'ambiance de l'œuvre, si ce n'est lors des toutes dernières minutes : et dire qu'elle a obtenu l'Oscar de la meilleure chanson : j'écouterai avec curiosité les autres titres en compétition cette année... Quelques faiblesses, donc, notamment niveau consistance, mais il y a une patte, un amour du cinéma le rendant emblématique de son époque : en somme, un film que l'on a plaisir à (re)voir cinquante ans plus tard.