Second film de la trilogie de la cavalerie ( avant LE MASSACRE DE FORT APACHE et avant RIO GRANDE ) , ce SHE WORE A YELLOW RIBBON est un petit bijou plastique , aux décors et aux lumières somptueuses , aux cadrages et aux couleurs exceptionnels donnant naissance a de véritables tableaux ( Ford s 'est inspiré de tableaux de l ' époque du far west d 'ailleurs ) , hommage à cette terre et à leurs habitants naturels , les indiens .....car une fois pour toute , il faut que cela soit clair , ce film rend hommage aux indiens ! ! ! ! ! qui ne voit pas cela est aveugle !
pas besoin de connaitre le cinéaste pourtant , il suffit de regarder : la sublimation des couleurs indiennes à cheval donnant de superbes tableaux , hommage à ceux à qui appartiennent cette terre , qui font corps avec elle alors qu 'elle enterre l 'homme blanc ...c 'est visible et évident .
l ' homme blanc y est écrasé par le ciel , les eclairs , la poussière , les rochers de Monument Valley sont pour eux autant de ruines d ' anciens temples , de vieux chateaux forts grandioses aux ombres menaçantes qui les écrasent quand ce n ' est pas le soleil qui le fait .
Alors que l ' indien se fond dans le décor car partie de lui .
Que voit on dès la sortie de la cavalerie à l ' extérieur ? les indiens .....pour souligner que cette terre est à eux , qu 'ils étaient là avant les blancs , qu 'ils sont chez eux , eux.....omniprésents.... pas par hasard .
les critères de l ' époque du film en matière de représentation des indiens étaient que ceux ci soient représentés de loin , toujours menaçants et massacrant ...
.Ford déroge à cette règle , le personnage incarné par John Wayne les salut à la sortie du fort , avec son chapeau et avec la position des jambes lorsqu 'il est à cheval ( tendue vers l 'avant ) , la rencontre entre lui et le chef indien est filmée d ' égal à égal dans le cadre , et ce chef est un vrai chef , il s ' agit de " Poney that walks " .
Nathan Brittles n 'est pas un va t en guerre tueur d 'indiens , il condamne la guerre , tout comme le chef des indiens , de surcroit son ami de longue date . Tous deux sont d 'accord pour désapprouver le bellicisme des jeunes , tant dans la cavalerie que chez les indiens , mais contrairement à Brittles , le vieux chef n ' a plus de pouvoir sur le jeune chef qui se procure des armes par l 'intermédiaire d 'un traitre blanc trop heureux faire du profit ( il finit mal ... ) .
Ford dénonce ainsi les blancs avides d ' argent tout autant que désireux de détruire les indiens en les encourageant à boire ...
tout cela est visible , tout comme l ' ordre de tirer " au dessus des têtes " , pas vraiment criminel ..
.alors svp stop avec les reproches de manicheisme anti indien au sujet de ce film ....
quand à la mythologie 68 arde ( si , si ! ) du bon indien victime ...heu , c 'est vite oublier qu 'il faisait tout de même pas bon se ballader dans certains coins de l ' ouest en ce temps là ....ne dites pas non .
un film patriote et militariste ? alors pourquoi cette déception de ne pas voir d ' " actions " de guerre , de charge héroique cédant aux plus beaux clichés du genre ? ?
Ford n ' en fait pas le point central du film , qui est surtout la description du quotidien d 'une troupe de cavalerie sur une terre qui n ' est pas la leur ....
Ford nous fait aimer ces soldats dans leur humanité en filmant cette communauté de façon sensible et pacifique .
Brittles arrose les fleurs , la vie est bon enfant au fort , l ' amour , la cocasserie y a sa place bien sur , au dela du contexte sombre de l ' environnement , ou plane mort et nostalgie , mélancolie ....
Cavalerie rimerait avec violence " anti indienne " ? les seules actions de ces soldats : une mission ratée avec un retour au fort très peu glorieux , et la dispersion des chevaux ....on est loin de Custer , qui ( tiens tiens ) ouvre le film par un rappel de l ' Histoire , la grande : une défaite ; pour ensuite laisser place à l ' histoire , la petite histoire d 'un quotidien , où Ford bien sur , montre son affection , sa compassion , et son goût pour les cérémoniaux de la vie militaire : clairon partout , chants , défilés ( pour qui ? il n ' y a personne ! ) , quadrille du bal des officiers ( Ford disait : " il n ' y a rien de plus beau qu 'un cheval qui galope et qu ' un quadrille " ) ....
Ford est fils d ' immigré , déraciné , et ayant fait partie de l ' armée ( il sera amiral , a vraiment participé au second conflit mondial , il y a perdu un oeil à Midway ) , on comprend ces deux lignes , l ' amour de l ' armée en tant que communauté de vie ( et de mort ) et compassion envers les indiens sans militantisme crasse et tapageur .
S 'il y a un patriotisme , il doit s 'inscrire dans son temps , celui de la sortie de la deuxieme guerre mondiale ( le film date de 49 ) qui augurait un espoir de " plus jamais ça " , comme cela avait aussi eu lieu à la sortie de la guerre civile , l ' espoir d 'un monde meilleur à venir . et le douloureux souvenirs des disparus .
Ford nous parle de l ' humain , pas de la grandeur de la nation ou je ne sais quoi que de fumeuses critique mettent en avant , aveuglées qu 'elles sont par ce qui est finalement préjugé .
Ce film est humaniste , pacifique , et touchant , de part la proximité qu 'il induit avec les protagonistes . Ajoutez à cela la spendeur picturale des ciels , des immensités , des tableaux , et vous obtenez un film unique , sensible et maitrisé de A à Z .
la terre et le temps qui passe en sont les axes majeurs .
Ceux qui voulaient de l ' action grandiloquente en seront pour leur frais , ceux qui jugent à l ' emporte pièce parce que comprenez vous , il faut absolument que la tunique bleue soit détestable et l ' indien victime en seront aussi pour leur frais .
Pour les autres , bienvenus au cinéma .
Chez Ford c 'est du grand art .
Le 7 eme ....mais pas de cavalerie ! :)