Quatre ans après le film qui le révéla au grand public ("Top Gun"), Tony Scott rappelle Tom Cruise pour tourner "Jours de tonnerre", un long métrage sur les courses de Nascar. A moins que ce ne soit Tom Cruise qui ait de nouveau sollicité le cinéaste, parce qu’à la base l’histoire est tout de même de l’acteur. Et cela peut se comprendre, du fait que le réalisateur nous avait gratifiés de sacrés plans lors de son mémorable "Top Gun" mêmes si certains se sont révélés un peu fort de café, ce que le public a pardonné sans mal tant ceux-ci se sont révélés audacieux et funs. Alors évidemment, avec "Jours de tonnerre" on s’attend à du spectacle avec de sacrés plans. Assurément, le spectacle est au rendez-vous, bien que je déplore le manque d’audace dans les prises de vues. Par exemple, il est regrettable que les prises en caméra embarquées soient quasiment absentes, je veux dire celles qui montrent le défilement de la piste en prenant la place du pilote. Il y en a bien quelques-unes, mais se révèlent bien trop courtes. Après, on ne va pas cracher dans la soupe, c’est quand même assez bien fait, en dépit de quelques incohérences. En effet, il semble qu’on veuille nous faire croire qu’en la toute fin de ces années 80, n’importe qui peut embaucher un pilote sans licence, monter une écurie de Nascar et disputer le championnat. En dehors de ça, les courses ont un excellent rendu, par une alternance de plans serrés montrant la dangereuse proximité des bolides entre eux ou le tutoiement de la tôle avec le mur et de plans élargis montrant tour à tour la foule amassée dans les gradins et la meute lancée à toute vitesse dans un vacarme de moteurs rugissants. Et rien que pour le spectacle offert, Tony Scott a su remplir le contrat demandé par le pur divertissement. Et si ça marche, on le doit aussi aux acteurs. Campant tous des rôles évoluant pour la plupart dans le même environnement, ils sont tous dotés de psychologies très différentes les unes des autres mais néanmoins très complémentaires. Cela vaut aussi bien pour les personnages principaux que pour ceux rélégués au troisième plan (John C. Reilly). Aussi, on appréciera le lien qui se tisse entre Harry Hogge (Robert Duvall, que j’aime beaucoup avec son éternelle science tirée de son expérience) et Cole Trickle (Tom Cruise, avec son insuffisance qu’on attribue souvent aux jeunes qui se croient invincibles surtout quand ils se savent beaux gosses dont la moindre apparition accompagnée d’un sourire ravageur suffit à faire chavirer les cœurs). On appréciera également la confrontation entre Rowdy Burns (Michael Rooker) et Cole, laquelle trouvera son point culminant drôlistique dans les couloirs d’un hôpital, ainsi que le rapprochement entre Claire (Nicole Kidman) et Cole, surtout si on considère la façon dont il a démarré ! Alors même si ce film semble servir la gloire de Tom Cruise, ceux que je viens de citer tirent efficacement leur épingle du jeu : entre la beauté de Nicole Kidman qui sert un personnage qui a ses faiblesses et ses forces, la façon dont Harry prend soin de ses bébés mécaniques… Après il est certain que le scénario va à l’essentiel, sans chercher à approfondir le propos plus que ça. Ou plutôt devrais-je dire les propos, au pluriel. Car il y a différents thèmes qui sont abordés : cela va de l’amour au respect de l’adversaire, en passant par le traitement de l’ego surdimensionné sans oublier le dialogue nécessaire pour former une équipe digne de ce nom (et j'en passe). Mais en présentant une team dans laquelle règne une bonne ambiance teintée de désinvolture, de railleries diverses et de provocations bienveillantes, la partie était déjà quasiment gagnée pour amener le spectateur jusqu’au drapeau à damier sous lequel il n’aura aucun mal à deviner qui en sortira vainqueur. Et bien qu’il ne manque plus que les odeurs d’huile de moteur brûlante et de gomme surchauffée pour une immersion totale (la bonne musique d’Hans Zimmer compense pour beaucoup ce manque qui n’en est pas vraiment un), on termine sur une bonne note avec cette image qui se fige sur les deux compères que tout (ou presque) opposait au départ. Alors oui c’est vrai, ce film est loin d’être parfait comme bon nombre de films d’action des années 90, mais on doit reconnaître que les bonnes recettes ont été utilisées. Alors quand se rajoute en prime la nostalgie du cinéma de ces années-là…