0,5 c'est sans doute un peu sévère mais c'est une note à la hauteur de ma déception, et de tout le foin qui peut être fait autour de ce film. La Chair et le Diable est juste un film surcoté à mort (parce qu'il a cartonné au box-office) et qui se retrouve à tort présenté dans tous les livres de cinéma comme caractéristique des autres films de la Divine, ce qui est on ne peut plus faux.
A mon avis c'est sans aucun doute le plus mauvais film de la période muette de Greta Garbo, qui se retrouve hélas dans un rôle d'une pauvreté affligeante (la véritable vamp de base sans aucun scrupule). Côté acteurs, John Gilbert tient sa place et conserve une certaine crédibilité à son personnage mais on hallucine véritablement devant le jeu ultra forcé de Lars Hanson (à la Gosta Berling, donc totalement hors sujet ici), qui donne à son amitié pour Gilbert une touche fortement gay (était-ce voulu ? en tous les cas ça prête plus à sourire qu'autre chose). Quant à Greta Garbo son rôle de potiche écervelée ne lui sied pas du tout (quel gâchis), et finalement on est bien content quand cette gourde de Felicitas est engloutie par une banquise de carton pâte, quel pied ! A part ça la réalisation est grostesque voire grossière (les surimpressions "Felicitas !" "Felicitas !", les flash-backs récurrents, qui seront dans le genre beaucoup plus fins dans A Woman of Affairs) et les scènes clefs du film souffrent d'une réalisation où la subtilité fait cruellement défaut, notamment dans le traitement de l'amitié Gilbert/Hanson. Dans les bonnes surprises cependant on notera la présence de Barbara Kent (elle joue la petite soeur de Lars Hanson) qui s'énamourache de John Gilbert : elle illumine le film de sa présence et elle donne une réelle touche dramatique à l'histoire en s'opposant à Felicitas et en dénonçant son imposture. Malheureusement son rôle n'est pas assez développé pour véritablement peser dans l'intrigue. Certes le début du film est très sympathique et le bal donne lieu à de très jolies scènes (John Gilbert avec Barbara Kent puis Greta Garbo), mais ensuite ça tourne vite à une véritable accumulation de clichés qui donnent à ce film des accents involontairement comiques. Bref, il n'y a pas de quoi s'extasier ou alors il faut vraiment ne rien connaître au cinéma muet ou aux autres films muets de Greta Garbo.
Bref ça aurait pu être un film vraiment noir, très dramatique, mais au final La Chair et le Diable a certainement toutes ses chances pour l’étiquette de film culte : une potiche Garbo, un Hanson maniéré, un Gilbert qui fait tourner TOUTES les têtes, l’amitié masculine qui triomphe de la Vamp, et bien sûr des scènes cultes un peu hénaurmes pour une fin on ne peut plus réjouissante.