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Plume231
3 904 abonnés
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3,0
Publiée le 17 octobre 2012
Des documentaires sur des dictateurs, c'est très fréquent, mais un documentaire sur un dictateur avec une approche aussi intime, avec l'accord du principal intéressé et joué par le principal intéressé, là c'est unique et pour cette raison il mérite d'être vu. Si une introduction présentant le véritable contexte politique et économique du pays ainsi que des images d'exécutions capitales ne venaient pas mettre les pendules à l'heure, on pourrait penser que le général Idi Amin Dada est un homme sympathique, qui ne recule pas devant une plaisanterie, qui pense sincèrement au bien-être de son peuple, qui donne des ordres à un crocodile qui s'en fout (montrant que finalement que ces charmantes bêtes sont peut-être plus intelligentes que les êtres humains !!!). Mais l'homme montre malgré lui parfois son véritable visage quand il rigole des propos effrayants qu'il a tenu sur Hitler, quand il parle de ses relations internationales catastrophiques, quand en conseil des ministres il passe un savon à son Ministre des affaires étrangères dont une voix-off nous précise que le cadavre de ce dernier flottera quinze jours plus tard sur les eaux du Nil, entre nombreuses autres choses là on voit bien le tyran aussi incompétent que mégalomane et sanguinaire qui fera vivre pendant 8 ans un cauchemar éveillé à son pays. Un film qui prouve qu'il n'a rien de plus fascinant que le mal incarné et que ce personnage de bouffon dangereux, en le filmant d'aussi près, est certainement plus proche de nous qu'on voudrait le croire.
Un film unique dans son dévoilement, avec la participation même de sa cible, de l’insondable vanité d’un pouvoir personnel dictatorial. Le plus troublant, le plus insolite, est que l’irréalisme atteint un tel degré qu’on ne parvient plus à faire la part de l’humour, de la dérision, avec la plus extrême naïveté, pour ne pas dire avec la bêtise. Dans une interview en supplément le réalisateur lui-même confesse d’ailleurs ne pas avoir toujours réussi à faire la part des choses. Le film témoigne à quel point l’intelligence manipulatrice peut inspirer une œuvre cinématographique. En ces temps d’ébranlement dans le monde arabe, « Général Idi Amin Dada » prend une actualité certaine : le leader ougandais était un proche complice d’un Kadhafi.
Et non, malheureusement, ce film n'est pas une parodie, même si on retrouve ça et là quelques éléments qui seront repris dans des films du genre. En effet, après nous avoir montré une exécution sommaire de deux opposants au général ougandais, et brièvement replacé le contexte, le film nous plonge dans les pas de Dada. Intelligemment, B. Schroeder le laisse aux commandes, Dada guidant l'équipe et parlant sans filtre, avec parfois quelques questions hors champ. Au détour de quelques séquences, de quelques plans, fugaces, l'horreur prend forme. Un regard fuyant, un rire nerveux, ce n'est pas tant par ce que dit Dada que l'effet se produit, mais par les réactions des autres. Il n'y a qu'à voir l'incroyable scène de la piscine, avec un Dada qui coule littéralement ses concurrents pour s'imposer, devant ces derniers, hilares mais nerveux. Dans ses propos, parfois aussi, pointe un personnage un peu instable. Et puis il y a ces quelques plans où Dada ne parle pas, où il devient un enfant, un enfant presque apeuré, et qui comble par sa peur en l'inspirant aux autres, par la terreur et les caprices. Brillant, instructif, édifiant et jamais dans le jugement par des moyens détournés. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
Un bon documentaire sur le dictateur ougandais. A travers ce film documentaire, le général Idi Amin Dada se définit et se décrit. Il en sort le portrait d'un homme au premier abord sympathique puis en creusant un despote terrifiant. Cependant, le documentaire manque de profondeur notamment sur la réalité de la situation Ougandaise.
C’est la lecture des télégrammes qu’envoyait Idi Amin Dada à ses homologues hommes d’état, qui a donné envie à Barbet Schroeder de faire ce documentaire, envie qui s’est concrétisée après la demande du producteur Jean-Pierre Rassam (1941-1985) de réaliser un film sur un chef d’état. Le général ougandais pensait qu’il s’agissait d’un film de propagande d’où la facilité à filmer. Il a demandé seulement 2mn30 de coupe, à savoir, les dernières minutes du film où il est dit, en voix off, qu’il « [Idi Amin Dada] nous renvoyait une image déformée de nous-mêmes après un siècle de colonisation britannique ». Afin d’être persuasif, le général pris en otage 135 français dans un hôtel à Kampala et leur communiqua le numéro de téléphone de Schroeder pour faire pression… Ce dernier, bien sûr, supprima la phrase incriminée et la réintroduira après la chute du dictateur en avril 1979 ! L’Ouganda devient indépendant en octobre 1962 et le général Idi Amin Dada prend le pouvoir en 1971 à 43 ans (ou 48 selon les sources), renversant le Premier Ministre, Milton Obote. Le commerce est alors détenu par les Indo-Pakistanais : le dictateur leur donne 90 jours pour quitter le pays. L’inflation atteint 50 % en 1 an. Il fait pratiquer des exécutions publiques et entraine son armée à prendre possession du plateau du Golan occupé par Israël depuis la guerre du Kippour de 1973, état avec qui il s’est brouillé (malgré son soutien au début de sa présidence). Il déclare même être prêt à accueillir les palestiniens rescapés du commando Septembre Noir qui a pris en otages et assassiné les athlètes israéliens pendant les Jeux Olympiques d’été en septembre 1972 à Munich. Il accueille, à l’aéroport d’Entebbe (au sud de la capitale Kampala), un avion d’Air France reliant Tel-Aviv à Paris et détourné par un commando palestinien en juillet 1976. On assiste aussi à un conseil des ministres où il indique les grandes lignes de sa politique et critique le ministre des Affaires étrangères (retrouvé mort quelques temps plus tard dans le Nil…). Les relations sont tendues également avec la Tanzanie voisine (elle constitue un accès à l’Océan Indien) : la guerre éclate entre les deux pays en octobre 1978, provoquant la fuite du dictateur en avril 1979, s’exilant en Arabie Saoudite (après un court séjour en Lybie). Il se montre avec ses enfants : 18 (12 garçons et 6 filles) issus de 4 femmes (en raison de sa polygamie, étant musulman). Il a, comme livre de chevet, « Le protocole des sages de Sion », livre écrit en 1901 par la police secrète russe et qui se présente (c’est un faux) comme un plan de conquête du monde par les juifs et les francs-maçons. Le film est un peu long (malgré ses 92 mn) car il est « parasité » par des scènes documentaires telles que des cérémonies officielles ou des danses. Seules les scènes où Amin Dada parle de lui et se met en scène sont passionnantes et terrifiantes (rendant superflu tout commentaire) : sous une certaine bonhommie (il chante, danse et joue de l’accordéon), il se révèle un être cruel et sanguinaire. .
Portrait sans concession d’Idi Amin Dada, un général devenu président (ou plutôt, dictateur) de l’Ouganda entre 1971 & 1979. Le réalisateur Barbet Schroeder dresse un autoportrait oscillant entre réalité et fiction tant le dictateur semble jouer de sa personne, de sa stature. Était-ce de l’autodérision ? Il y a de quoi se poser la question tant le personnage détonne et dérange, mais à bien y regarder de plus près, il semblerait qu’il soit constamment au premier degré et c’est en cela qu’il était inquiétant, voire dangereux.
Devenu président grâce à coup d’état, bien qu’il eût promis des élections présidentielles, ces dernières ne verront jamais le jour. Au lieu de cela, Idi Amin Dada assoie sa position et son pouvoir (en faisant notamment exécuter les chefs militaires qui n’ont pas soutenu le coup d’état et en chassant du pays près de 100 mille asiatiques) et s’autoproclame « président à vie ». Par la suite, la terreur s’accroit et le régime totalitaire commence à prendre de l’ampleur, donnant lieu à 8 années de tyrannie (durant son mandat) et responsable du massacre de près de 300 mille ougandais. Il faudra attendre que la Tanzanie déclare la guerre à l’Ouganda pour qu’Idi Amin Dada soit contraint de quitter le pays.
Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974) est un documentaire qui offre l’occasion d’en savoir plus sur cet homme excentrique et imbu de lui-même. L’avantage de ce film, c’est qu’il a été tourné aux côtés du dictateur (il ne s’agit pas d’une succession d’images d’archives avec des témoignages), il répond aux questions posées par le réalisateur et n’est pas avare de mise en scène à sa gloire (notamment lorsqu’il arrive en hélicoptère devant une foule en liesse, alors qu’en réalité, tout cela a été mis en scène par son équipe, afin d’obtenir de belles images devant les caméras).
Barbet Schroeder ne prend jamais parti et ne le juge à aucun moment, cependant, il ne se prive pas pour lui poser des questions dérangeantes, notamment sur les propos qu’il a tenu concernant Hitler (qu’il admirait). Idi Amin Dada aime se mettre en scène et ne se prive pas pour le faire devant sa caméra. Il explique le plus sérieusement du monde son plan d’invasion pour reprendre le Plateau du Golan à l’État d’Israël (il voue une haine envers Israël et ne se prive pas pour nous le rappeler).
Affabulateur, misogyne, illuminé, voir même devin (!), le dictateur passe constamment pour un imbécile (notamment la séquence où il se vante de bien connaître les crocodiles « il ouvre sa bouche pour que les fourmis entrent afin de les manger », alors qu’en réalité, les crocodiles ont la gueule ouverte tout simplement pour se rafraîchir). D’un côté, il passe pour un adulescent (un peu naïf dans sa tête) et de l’autre, il apparaît tyrannique, notamment lors du conseil des ministres où il invective son auditoire et menace (d’ailleurs, quelques jours après, son ministre des affaires étranges qu’il venait de réprimander était retrouvé assassiné). Sans parler des propos phallocrates qu’il débite à qui veut l’entendre. Doté d’un égo surdimensionné, il ne cessera de répéter à l’ensemble de ses ministres « il faut apprendre au peuple à aimer son leader », il ne pouvait pas être plus clair.
Un documentaire très instructif, une immersion passionnante & glaçante dans l’intimité d’un tyran. Dans le même registre, il est intéressant de voir Le Dernier roi d’Écosse (2007) de Kevin Macdonald, avec Forest Whitaker dans le rôle du despote.
Schroeder nous livre ici un autoportrait live du traitement célèbre dictateur. On sent qu'il faut marcher sur des œufs, que les personnes autour de lui jouent la comédie pour aller dans son sens. Son cynisme caché derrière sa bonhommie et sa sympathie est glaçante. Dès qu'on entend des choses concernant des domaines que l'on maîtrise, on se rend compte de l'absurdité et des erreurs de ces propos. Exemple : Court le 100 yards en 9"8...Ça fait 10"7-10"8 au 100m, je ne dis pas qu'il ment mais bon, 1,91m et 100kg jeune, avec les bêtises qu'il raconte plus tard, je doute. Le crocodile qui ouvre la gueule pour manger les fourmis qui entrent dans sa bouche, quelle rigolade, car c'est en réalité pour réguler sa température. On retrouve aussi une lutte entre juifs et musulmans, le livre de Sion, le fake de la propagande soviétique qu'il prend pour vrai. Enfin un personnage totalement dans son monde, paranoïaque et dangereusement sûr de lui. Un superbe et passionnant portrait.
Le genre documentaire devient très fort lorqu'on y voit une grande objectivité et une très grande honnêteté dans les faits montrés. Cette passionnante et absolument captivante exploration du général Idi Amin Dada est totalement effrayante, troublante, car l'intéressé se révèle avec beaucoup d'humour et de détachement, avec beaucoup de patience, mêlant ainsi une figure dictatoriale, infantile, déconnectée, intelligente et entièrement inconsciente, mais toujours attractive.
Schroeder observe, questionne, filme sans aucune esbroufe ni montage virtuose, mais avec une rare limpidité et un brio de distanciation étonnante.
En attendant le prometteur "dernier roi d'Ecosse" avec Forrest Whitaker, ce documentaire nous livre un aperçu de ce qu'a enduré l'Ouganda, tombé entre les mains d'un dictateur sanguinaire à la bonhomie dérangeante. Idi Amin Dada est affable, rigoleur, visionnaire (ou détraqué, c'est selon), charismatique, simple d'esprit mais sacré meneur d'hommes et rien dans sa démarche ne trahit son sadisme et sa cruauté légendaires décrits dans les livres d'histoire. Le documentaire n'est pas exceptionnel en soi, et ne montre pas vraiment ce qu'a "accompli" ce général, mais a le mérite de laisser un souvenir de cet homme qui a marqué au fer rouge l'Histoire post-coloniale de l'Ouganda et de l'Afrique centrale.