Il est d'excellentes surprises que l'on découvre connement. Il y a quelques jours, j'ai appris l'existence de ce métrage ci, "C'était Demain"; j'ai pris connaissance du grand what the fuck de son scénar, simplement génial. Des idées pareilles, ça sort pas tous les ans. Non, y'en a qu'une par siècle; certes, c'est unique, alors faut savoir l'apprécier comme il se doit. Surtout quand tu tombes sur une série b de si grande qualité. Encore que je n'aime guère le terme de série b pour qualifier ce métrage ci; il est trop bon, trop appréciable. Ce n'est pas le résultat monétaire décadent de petits producteurs au budget mineur; non, "C'était demain" est un vrai film, une oeuvre de réelle qualité; c'est bon, beau, bien foutu. Agréable à l'oeil, le film ne déçoit que sur quelques détails dont je vous parlerai plus bas. Et si l'oeuvre m'a tant plu, c'est surtout pour la beauté de ses dialogues, pour l'intelligence de son propos qu'elle maîtrise avec brio. C'est agréable à l'écoute, et particulièrement propice à la réflexion sur la violence dans notre société contemporaine; car face à toutes les horreurs que commet l'homme moderne au nom de la liberté ( maculée d'un sang d'argent ), Jack the Ripper se dit lui-même quelqu'un de normal. Dans notre société où la violence et les richesses priment sur le bonheur et la sincérité, l'anormal devient normalité. C'est donc dans ce cadre ci qu'évolue un H.G. Wells étrangement interprété par Malcolm McDowell, le héros/méchant/pervers d'Orange Mécanique. Tout comme vous, j'ai du mal à le croire. Surtout quand tu vois la niaiserie dont il fait preuve, cette même naïveté saisissante qui lui tout son charme. Un très bon acteur entouré de belles têtes talentueuses; l'on retiendra surtout David Warner en Jack the Ripper, charismatique, intriguant, ambigüe. Mary Steenburgen manquera par contre d'expressions faciales, se révélant beaucoup trop figée sur la longueur. Autant son charme faisait le taf au départ, autant il aura du mal à opérer une fois qu'il faudra jouer des scènes dramatiques. La réalisation de Nicholas Meyer, un artiste que je ne connaissais pas ( entre autres célèbre pour avoir scénarisé deux "Star Trek" et le "Liaison fatale" d'Adryan Lyne ) signe un travail de passionné de l'auteur de science-fiction; on sent le regard bienfaiteur qu'il porte à l'homme, toute l'admiration qu'il avait pour lui, pour ce révolutionnaire de l'invention prodigieusement impossible à mettre en oeuvre. Je n'ai rien à lui reprocher au niveau de la mise en scène; classique, stable et linéaire, elle fait le travail sans trop de problèmes, ni de réelles anicroches. Les détails gênants viendront surtout de l'écriture, qui multiplie les incohérences comme Samy Naceri les séjours en prison. Heureusement sera-t-elle sauvée par un humour efficace et hilarant, classe, habile. De l'humour anglais, en somme. La grande originalité du tout laissera une excellente impression sur les lèvres, surtout quand on voit comme le sujet était bien traité. Car "C'était demain", loin d'être une oeuvre simplette et manichéenne, recherche surtout l'objectivité. Et devant la violence du monde d'aujourd'hui, il tient aux films d'hier comme aux gens de demain de rendre notre société plus douce, plus agréable, d'en faire enfin un lieu où il fait bon vivre pour tout le monde. Car "tous les siècles sont les mêmes, il n'y a que l'amour qui les rend supportables".