Il y a vraiment deux manières d'aborder ce « Dernier face à face », presque considéré comme un classique parmi les classiques du western spaghetti (la trilogie de Sergio Leone restant un peu hors-compétition en comparaison du reste). D'un point de vue purement formel, la médiocrité n'est pas loin. Sergio Sollima fait preuve ici d'un grand manque de style et de personnalité, victime par ailleurs d'un montage compliqué (du moins dans la version que je me suis procuré), mais aussi coupable de pas mal de clichés, de répliques ultra-basiques et d'un sens du découpage (notamment lors du braquage dans la ville!!) laissant franchement à désirer. Heureusement, le réalisateur se montre nettement plus inspiré lorsqu'il s'agit d'écrire un scénario (en collaboration avec un autre Sergio, Donati), manifestement le gros point fort de l'œuvre et son principal intérêt. Si le renversement des valeurs n'est en soi pas extrêmement surprenant, il est construit avec habileté, peut-être un peu trop rapidement, mais efficacement. De plus, si Tomás Milián montre pas mal de limites, Gian Maria Volonte confirme sa présence presque énigmatique et son grand talent dans le rôle (de loin) le plus intéressant et complexe de l'œuvre. Côté seconds rôles, seul William Berger retient un peu l'attention. Pour le reste, cet affrontement vraiment pas si manichéen entre Bien et Mal offre quelques moments forts, notamment dans la « complice opposition » entre les deux héros. Il y a une forme de nihilisme, de provocation dans le propos que je trouve intéressante, notamment durant un dénouement se déroulant en plusieurs temps, dans un décor inattendu, où
la complainte finale de Volontè fait son effet
. C'est sans doute un peu bancal et donc pas vraiment bien fait, mais il y a quelque chose, un regard, des protagonistes intéressants et un fond historique bienvenu : des trois Sergio (avec Leone et Corbucci), Sollima était sans doute le moins talentueux, mais son talent d'écriture lui permet de signer cette curiosité loin d'être aussi grande que prévu, mais intrigante.