Dernier western réalisé par John Ford, ce film met au point plusieurs aspects de son oeuvre : il récidive en placant aux premières places les Indiens d'Amérique ; pendant toute sa carrière Ford aura présenté les Indiens comme des sauvages sanguinaires dans des films comme la Chevauchée Fantastique ou la Prisonnière du Désert. Ici il tente de se faire pardonner en montrant un peuple opprimé et désireux de retrouver ses racines, opposés à une armée américaine méfiante. Quoi qu'il en soit, Ford aura toujours insufflé une touche de religieux dans ses films : les Indiens sont comme le peuple juif s'enfuyant d'Egypte par exemple. Aussi la représentation étrange de la relation civils/soldats qui s'appellent frères/soeurs, semblable involontairement à des mormons. Même dans les décors cette dimension religieuse existe : une ambiance de chapelle, par la lumière, règne dans l'école abandonnée, un peu too much à ce moment ; Il y aura malheureusement toujours la puissance de Hollywood dans ce film, toujours le même héros et la même héroïne, toujours le même colonel méchant qui aime pas les Indiens, toujours le même soldat fougueux, toujours le vieux sage persécuté, etc ... le film contient plusieurs défauts, à commencer par sa longueur, un manque d'ambition de mise en scène comparé à ce qu'avait déjà fait John Ford, des maladresses ( le surjeu de la femme espagnole, et des guerriers Indiens n'arrivant pas à allumer des broussailles alors que la steppe brûle derrière eux ), les horribles plans de discussion avec plans en projection derrière faits en post-prod ... La lumière est moyenne, les paysages n'ont plus la splendeur faute à un cadre travaillé, bref, les Cheyennes a beau être le dernier western de Ford, il n'aura jamais l'aura des films précédents du cinéaste. Et une dernière chose : à quoi servent toutes les séquences du saloon avec Stewart ? à quoi ? franchement ? c'est drôle, et ensuite ? ça aide l'histoire ? non. Et c'est en partie ça qui a plombé le film au niveau narratif, sûrement encore une séquence imposée par les studios, preuve du déclin commencant du système.