Le début du film, c'est un peu les deux facettes de Guitry au cinéma: un tour d'esprit irrésistible qui lui fait imaginer tant de bons mots, et un ton plus sérieux, emphatique ou solennel, souvent, dans ses films "historiques", pour évoquer les grands Français, en l'occurence, dans "Donne-moi tes yeux", les peintres et sculpteurs de génie exposés au Palais de Tokyo.
Le personnage que joue Guitry, est précisément un bourgeois amateur d'art et un sculpteur qui est tout de suite séduit par une jeune visiteuse de l'exposition à laquelle il propose de scupter le buste. Coup de foudre entre l'homme mûr et et la jeunette, comme dans la vraie vie puisque la partenaire de Guitry dans le film est, comme toujours, son "épouse du moment", à savoir la charmante Geneviève de Séréville ou Geneviève Guitry., plutôt actrice de circonstances mais à la hauteur.
L'histoire est celle d'une liaison amoureuse, vite suivie d'une relation qui se dégrade du fait de l'attitude du sculpteur dont on connaitra la raison à la fin du film. Par conséquent, le ton enjoué du début fait place progressivement à une forme de désenchantement. D'ailleurs, tournée en 1943, l'idylle contrariée au coeur du film est comme l'écho de la mésentente à la ville du couple Guitry. Dans "Donne-moi tes yeux" transparait, de Guitry, le goût des femmes, et plus encore, peut-être, l'amour de l'Art.