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Un visiteur
3,5
Publiée le 3 mars 2013
Le portrait d'une ville en pleine mutation est ici dressé. L'ancienne, remplit de nostalgie, s'en va en emportant avec elle tous ses codes, ses repères, de la génération de Lou, et disparait sous les nouvelles structures, devenant alors une ville sans charme, comme décharnée, vide. Louis Malle nous la rapporte avec une certaine poésie, et choisit encore la sobriété, la pudeur dans le traitement du sujet. Il dépeint aussi le portrait d'une génération qui, malgré ses idéaux, se laisse tenter par la cupidité, argent provenant de la vente de drogue, et alors se meurt, littéralement... Le film, se déroulant au bord de l'océan Atlantique, dont on ne voit quasiment jamais la face, seulement peut-on sentir l’embrun lors des promenades de bord de mer de Lou, témoigne d'une grand maitrise de l'outil caméra mais aussi d'une certaine "rigidité". Reste de belles scènes, d'une lenteur leur conférant une profondeur considérable, quand même moindre que "Ascenseur pour l'échafaud" qui est l'aboutissement parfait du procédé.
Second film de la carrière américaine de Louis Malle, "Atlantic City" est sans aucun doute son plus abouti. Malle réussit ici la parfaite symbiose entre sa culture française inspirée du réalisme de la Nouvelle Vague et le système hollywoodien. Fini les oripeaux chics et froufrouteux de " La Petite" et place à la poésie désenchantée d'une ville qui joue sa survie en misant sur le pari fou de concurrencer Las Vegas sur la côte Est. Autrefois cité balnéaire à la mode, Atlantic City est en proie au déclin depuis les années 60. Devenue le refuge de tous les rejetés des mégalopoles voisines, elle tente sa mutation à l'orée des années 80. C'est à ce moment charnière que Louis Malle pose sa caméra pour l'adaptation du roman "Le voisin" de Laird Koenig. Ces périodes de transition sont propices aux trafics et malversations en tous genres. Lou Pascal un petit escroc à la manque sur le retour vit à la charge de la veuve d'un ex- petit caïd local. Sa vie se déroule entre les paris qu'ils collecte dans les bidonvilles et sa fenêtre d'où il observe la jeune et belle serveuse qui s'enduit chaque soir le corps de citron pour se laver de l'odeur des poissons qu'elle sert au snack où elle travaille. Lui, est rempli de nostalgie en voyant l'Atlantic City de sa jeunesse disparaître sous ses yeux, se rappelant l'époque où les barons du crime organisé venaient se détendre dans la chic station balnéaire. Elle, fait partie de la nouvelle génération venue tenter sa chance dans ce futur eldorado du jeu et prend des cours tous les soirs pour devenir croupière sous la férule d'un Michel Piccoli libidineux à souhait. Il est singulier voire ironique de constater qu'en à peine deux siècles, le miracle du "Go West!" se soit transformé en un voyage à rebours vers une cité balnéaire tournant son regard vers l'Atlantique; Sally n'a d'ailleurs pas d'autre rêve que de rejoindre un jour Monaco et le vieux continent pour y exercer son nouveau métier. La rencontre entre ces deux générations de l'Amérique se fera au travers d'un couple de hippies vite sacrifié comme symbole d' une génération utopiste destinée à tendre un pont entre deux visions du destin de l'Amérique, dissemblables mais toutes deux guidées par l'appât du profit. Pour servir son propos, Louis Malle a eu la très bonne idée de débaucher Burt Lancaster qui avait déjà su incarner les hommes en butte aux changement d'époque sous la houlette de deux illustres réalisateurs italiens. Cette fois-ci ce n'est pas en noble déchu ou en riche propriétaire terrien qu'il doit faire face à un monde en mutation et au vieillissement, mais en petit escroc à la manque demeuré une sorte d'adolescent en admiration devant les héros de sa jeunesse qu'étaient les Capone, Siegel ou Lansky. Il faut le voir se trémousser sur sa chaise comme un enfant quand la speakerine relate les deux crimes qu'il vient de commettre pour sauver Sally. Lancaster aura eu une fin de carrière très riche où il aura pu trouver ses meilleurs rôles, sans doute pour avoir su renoncer assez tôt à son statut de sex-symbol. Susan Sarandon muse de Louis Malle est filmée avec amour par son pygmalion et sa prestation est déjà la promesse de la grande actrice qu'elle deviendra. "Atlantic City" se place au sommet de la relativement courte filmographie de Louis Malle avec "L'ascenseur pour l'échafaud", " Le feu-follet" et "Lacombe Lucien", grâce sans doute à sa poésie empreinte d'une nostalgie désuète et à la présence d'un immense Lancaster pour la servir.
Susan Sarandon se lave les seins avec du jus de citron pendant que Burt Lancaster la reluque derrière le store de la fenêtre d'en face. Elle est jeune et pleine d'espérance, il est âgé et ne le comprend pas. Atlantic City raconte une ville du passé qui se meurt : les immeubles devenus sordides que l'on détruit pour reconstruire suivant les nouveaux besoins de la station balnéaire. Atlantic City est un film sur les bas-fonds de la vieillesse : un gangster d'une époque perdue ne reconnait plus le monde des nouvelles générations. Complètement dépassé par la relève, il croule dans de petites combines minables, tout en ressassant ses succès de jadis. Mêlé dans une affaire de drogue, il se retrouve face à un déluge de violences imprévues et dont il n'avait pas conscience. Son enthousiasme est à la fois pathétique et nostalgique, lorsqu'il descend froidement les deux dealers qui voulaient lui faire la peau. Il n'y a aucun héroïsme dans cet acte, mais il y a sa volonté et sa détermination, qui pour lui comptent plus que tout. Il devient dès lors comme le petit truand de quinze ans qui se prend pour un dur après avoir tabassé son premier mec. Il se voit à la télé, et ne peut s'empêcher de fanfaronner partout où il croise du monde. Mais il est vite désabusé lorsqu'il se rend compte que Sally lui fausse compagnie. S'il prend la chose avec calme et résignation, c'est qu'il a maintenant obtenu ce qu'il voulait. Ayant côtoyé une certaine gloire l'espace d'un instant, il est satisfait. Il laisse donc fuir sa jeunesse avec la jeune femme, pour retrouver sa vieille compagne de toujours, et vivre son présent bien à lui.
Le synopsis annonce une intrusion dans les dessous d'une ville défigurée. On se dit que le vieux beau qui fricote et traficote (Burt Lancaster) croisant la jeune paumée qui frime sur la bonne vieille France (Susan Sarandon) va barber, les seventies ayant mordu la poussière... Or, miracle, une fois dépassé l'hommage douteux, les détails en terre dénaturée s'avèrent croustillants, quoique parfois lents à se déployer. N'empêche, démangent l'envie de se masser les pieds, d'observer avant d'engager sa curiosité sans possibilité de repli, de puiser chez l'individu lambda le plus déchu, le plus malmené, l'adaptabilité qui sauve de la déchéance. Enfin, tant que peut se projeter une vie rêvée ailleurs dans ses conversations. Surtout bien se positionner sinon... Le film s'en tiendrait au bercement d'illusions seventies foudroyé par la délinquance prédatrice si le bonus n'invitait à regarder à la loupe Atlantic City (personnage central), ce prototype urbain qui, depuis, semble répandu comme traînée de poudre. Il serait parti d'un projet de loi d'abord rejeté, puis approuvé six ans plus tard... Resorts International en aurait émergé en 1978, premier Casino de l'ex-station thermale suivi d'autres industries à ras de plage qui ramenèrent le tourisme, ce magma avide de tous les jeux possibles.
«Atlantic City» ou la chronique désabusée d'une ville fuyant son passé, à l'image des deux êtres qui s'y rencontrent. Louis Malle, avec la subtile sensibilité qui est la sienne, dépeint sans fard une Amérique qui se cherche, à la croisée des diverses générations qui s'y cotoient. Ex-cité luxueuse et de prestige, Atlantic City est devenue un taudis, une ville défigurée, nostalgique de son passé glorieux mais déterminée en même temps à renaître de ses cendres. Il en est de même pour Lou l'anti-héros, petit gangster au coeur tendre et trop mou, joué par un Burt Lancaster au crépuscule de sa vie (et de sa carrière). Hanté par un prestige passé qu'il n'a jamais eu mais qu'il a ardemment désiré, sa rencontre avec la jeune Susan Sarandon est l'occasion de lui prouver (ainsi qu'à lui même) sa vraie valeur. Traversé par des personnages attachants, tantôt désespérés tantôt rieurs, «Atlantic City» est le reflet d'une Amérique qui change, dépassée par les évênements et tentant de se rattraper à tout et n'importe quoi, même à des bribes d'un triste passé qu'on se rappelle heureux. Véritable coup de maître, c'est un film terriblement émouvant sur des gens simples, qui se rêvent princesses ou bandits de grands chemins, qui au fond n'ont qu'une idée : partir au loin et tout oublier, mais qui restent finalement là où ils ont vécu, ne pouvant se résoudre à quitter une si grosse partie d'eux-mêmes, la terre qui les a accueillie. Magnifique et bouleversant, un long métrage tout en simplicité et en sincérité. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Une ambiance insolite, étrange. Un film de gangsters décalé dans une ville fantomatique, entre deux eaux, qui se détruit et se reconstruit. La vieille star Burt Lancaster joue une sorte de gangster second couteau, un peu mythomane. Les casinos jouxtent les ghettos miséreux et les vestiges d’une ancienne station balnéaire chic. Le film baigne dans un mélange de douceur, de mélancolie, d’ironie et de démystification assez unique. Louis Malle n’a pas un style très fortement original, mais il a une technique impeccable, des scénarii très fins, des ambiances et des personnages très attachants. Un charme.
L'atmosphère un peu étrange du film qu'insuffle Louis Malle est assez envoûtante au début qui se perd un peu par la suite mais "Atlantic City" se regarde du début jusqu'à la fin sans déplaisir. L'aspect "fin d'une époque" manque un peu de subtilité, parfois trop appuyé ou au contraire trop négligé pendant de longs moments, et on peut légitimement se demander l'utilité du personnage interprété par Michel Piccoli. Si Susan Sarandon est très convaincante, c'est surtout Burt Lancaster qui brille dans la figure émouvante d'un ancien gangster loser et il arrive à lui seul à donner la plus grande partie de l'intérêt que dégage le film. Si ce n'est pratiquement tout l'intérêt. Il y joue sans conteste son meilleur rôle avec celui du prince Salina dans "Le Guépard", autre film sur la fin d'une époque. Indispensable pour ceux qui veulent voir une grande star hollywoodienne au sommet de son art.
"Atlantic city" est la chronique douce-amère d'une Amérique en pleine mutation (nous sommes au début de la révolution libérale des années 80 : on commence à détruire les vieux immeubles chargés d'un passé glorieux pour en faire des casinos...). C'est un ballet de personnages désenchantés : un couple hippie en phase de décomposition terminale, un vieux-beau qui s'est inventé un passé de cador dans le crime organisé, une quarantenaire qui ose encore rêver à des lendemains qui chantent mais dont la vie est morose... Tous vont se croiser sur les planches usées d'Atlantic City, esquissant un dernier pas de danse avant de disparaître (dramatiquement ou avec élégance, selon). Il n'y a plus rien à attendre du rêve américain, si ce n'est se réfugier dans le fantasme de son passé, ou fuir, le plus loin possible. Polar en creux, le film suit une narration un peu erratique très à la mode alors, Malle essayant de reproduire le geste d'un Lumet ou d'un Schatzberg sans en avoir vraiment l'étoffe. Il en demeure le plaisir de retrouver un Burt Lancaster magistral dans une version Prisunic du "Guépard" et la toujours resplendissante Susan Sarandon.
Un chef-d'oeuvre absolu ! Louis Malle réalise un film naturel, silencieux et puissant ; une vrai réussite dans sa période américaine. La profondeur des personnages est plus que touchante, et pourtant on entretient une distance froide et méfiante avec cet univers lugubre. Une vraie perle rare du cinéma.
Un peu circonspect au début mais la réalisation de Louis Malle profite à fond du talent des acteurs notamment Burt Lancaster et Suzanne Sarandon qui rendent leurs personnages très attachant.A voir
plutot cool ce film ambiance mafia casino et cocaine et reste pour autant humain. les acteurs sont bons (Burt Lancaster, Susan Sarandon (elle très belle en plus)), vive l'amérique et atlantic city!
Le thème de l'ancien gangster raté et de la fille qui cherche à s'en sortir ne me passionnaient pas au départ, mais les interprétations de Burt Lancaster et Susan Sarandon donnent un certain relief aux rôles. On s'immerge un peu dans l'Amérique froide et urbaine des années 60/70 ( dans le même style que Midnight cowboy). C'est très bien réalisé. Quant à Michel Piccoli, il ne fait que de la figuration.