Avec ce film, Costa-Gavras s'attaque au journalisme télévisuel et ses dérives contemporaines. Et c'est sous la personne de Dustin Hoffman, à la recherche du scoop qui lui permettra de refaire surface, que le réalisateur va dénoncer les techniques malhonnêtes de manipulation de l'information et la puissance de l'opinion publique. C'est en effectuant un simple reportage sur un musée d'Histoire Naturelle, que le journaliste va être témoin d'une prise d'otages et alors tenir son scoop. Costa-Gavras montre comment il va tirer parti de cette situation en obtenant l'exclusivité auprès du preneur d'otage, gardien licencié ( John Travolta ) du musée. Manipulation, intox, tous les moyens sont bons pour tenter de faire pencher l'opinion publique d'un côté. Dustin Hoffman, jouant magnifiquement le journaliste cabot prêt à tout pour sa carrière, va finalement se prendre d'affection pour ce gardien. En opérant cette critique virulente de la télévision américaine, le réalisateur, bien qu'avisé, se perd dans un récit dont la mise en scène manque de subtilité. John Travolta lui aussi manque de subtilité en interprétant ce gardien pris dans cette avalanche qu'il ne contrôle pas. Heureusement, Hoffman réussit à contrebalancer la balance. Le point fort de Mad City est le regard que porte Costa-Gavras sur le public américain, assoiffé de violence, versatile vis-à-vis de ce gardien, à la fois victime d'un système pourri, figure d'une Amérique paumé et héros pour une catégorie de la population. Mais aux Etats-Unis, le héros devient vite, par un découpage vidéo ( faux témoignages, faits interprétés ), détesté, voir gênant. Costa-Gavras dénonce aussi le manque d'humanité et de scrupules des journalistes. Si le réalisateur tombe parfois dans la facilité, il est loin d'aller aussi bas et de tomber dans les pièges que d'autres films se permettent. C'est donc un film intéressant sur un thème passionnant -la caméra et le micro, les armes d'aujourd'hui- mais qui mériterai plus de finesse.