Le Cinéma Reflet Médicis présente actuellement une rétrospective de Shöhei Imamura , cinéaste japonais né le 15 septembre 1926 à T�ky� et mort dans cette même ville le 30 mai 2006. Associé à la Nouvelle vague japonaise au même titre que Nagisa Oshima et Kiju Yoshida, considéré par beaucoup comme un génie, il est découvert en France au début des années 1960 avec La Femme insecte et a reçu deux fois la Palme d’Or à Cannes, en 1983 pour La ballade de Narayma et en 1997 pour l’Anguille… Filles et gangsters est tiré d’un roman japonais « Cochons et Cuirassés », et en s’inspirant de ce livre, Shöhei Imamura, qui avait lui-même un passé de yakuza avant de se lancer dans le cinéma , jetait un pavé dans la mare qui lui valu deux ans d’interdiction de filmer…Filles et gangsters est tout à la fois uns satire sociale explosive, un brûlot anti-américains, et un mélodrame sentimental passionné…Nous sommes dans l’après guerre, les américains ont installé une base à Yokosuka, le Japon vit sous l’occupation américaine et la ville au rythme des arrivées de navires US qui déversent leurs équipages qui finissent en viande saoule dans des bordels d’abattage…les yakusas locaux ont monté avec la complicité de certains américains, un trafic visant à récupérer les restes des repas des militaires US pour nourrir des élevages de porcs qu’ils revendent aux américains…Kinta un apprenti Yakuza plutôt naïf se retrouve pris dans ces trafics au grand désespoir de sa fiancée Haruko qui rêve d’un avenir plus calme, tout en menaçant par dépit Kinta de se vendre à un riche américain…Imamura montre dans ce film tout ce qui hantera son œuvre, la chaîne infernale qui va de l’oppresseur à la prostituée, la chaîne des corps et de l’argent, l’exploitation du sexe dont l’occupant est responsable…mais son génie est d’avoir donné un ton foncièrement ironique voire burlesque, aux scènes les plus crues…Mélange de grotesque et de réalisme cru, il jette un regard noir sur les conditions de développement du Japon de l’après guerre et sur les tentations de cette jeunesse prise au piège de cette facilité fatale….le film se termine avec une marée de cochons en liberté qui se répandent dans les rues, emportant tout sur leur passage ….tout un symbole !!! Plus de cinquante ans après sa sortie, le film (en version restaurée) a conservé toute sa force de percussion…