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cylon86
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3,5
Publiée le 3 mars 2017
Ayant récolté les honneurs avec "Mon deuxième frère", un film qu'il renie, Shohei Imamura profite néanmoins de ce succès pour réaliser "Cochons et cuirassés, son premier film vraiment personnel, si personnel que le ton acerbe du film lui vaudra une interdiction de tourner pendant deux ans ! Il faut dire qu'Imamura est un cinéaste qui n'a jamais eu froid aux yeux et avec ce film il dénonce volontiers la situation du Japon d'après-guerre, corrompu jusqu'à la moelle par l'occupation américaine qui n'arrange rien et qui, au contraire, fait tourner le marché noir avec son lot de trafics, de magouilles et de prostitutions. S'il y a des cochons dans le film, ce sont les hommes et seul un personnage féminin sera sauvé du regard sans concession du cinéaste qui fait un portrait peu glorieux du Japon et surtout de l'être humain avec ses pulsions et ses obsessions, une récurrence chez Imamura. Pas exempt de longueurs, "Cochons et cuirassés" est une oeuvre audacieuse qui n'a pas peur de pratiquer l'ironie et l'humour noir jusqu'au bout (on n'est pas prêts d'oublier sa scène finale avec ses cochons déambulant dans les rues) pour mieux choquer, même aujourd'hui, par sa liberté de ton.
Shôhei Imamura dresse un portrait du Japon et des Japonais dans l’après-guerre. La crise et la misère qui en résultent va conduire les différents protagonistes au banditisme, à la prostitution. Il aborde l’influence que l’occupation américaine va avoir sur la jeunesse japonaise.
Le Cinéma Reflet Médicis présente actuellement une rétrospective de Shöhei Imamura , cinéaste japonais né le 15 septembre 1926 à T�ky� et mort dans cette même ville le 30 mai 2006. Associé à la Nouvelle vague japonaise au même titre que Nagisa Oshima et Kiju Yoshida, considéré par beaucoup comme un génie, il est découvert en France au début des années 1960 avec La Femme insecte et a reçu deux fois la Palme d’Or à Cannes, en 1983 pour La ballade de Narayma et en 1997 pour l’Anguille… Filles et gangsters est tiré d’un roman japonais « Cochons et Cuirassés », et en s’inspirant de ce livre, Shöhei Imamura, qui avait lui-même un passé de yakuza avant de se lancer dans le cinéma , jetait un pavé dans la mare qui lui valu deux ans d’interdiction de filmer…Filles et gangsters est tout à la fois uns satire sociale explosive, un brûlot anti-américains, et un mélodrame sentimental passionné…Nous sommes dans l’après guerre, les américains ont installé une base à Yokosuka, le Japon vit sous l’occupation américaine et la ville au rythme des arrivées de navires US qui déversent leurs équipages qui finissent en viande saoule dans des bordels d’abattage…les yakusas locaux ont monté avec la complicité de certains américains, un trafic visant à récupérer les restes des repas des militaires US pour nourrir des élevages de porcs qu’ils revendent aux américains…Kinta un apprenti Yakuza plutôt naïf se retrouve pris dans ces trafics au grand désespoir de sa fiancée Haruko qui rêve d’un avenir plus calme, tout en menaçant par dépit Kinta de se vendre à un riche américain…Imamura montre dans ce film tout ce qui hantera son œuvre, la chaîne infernale qui va de l’oppresseur à la prostituée, la chaîne des corps et de l’argent, l’exploitation du sexe dont l’occupant est responsable…mais son génie est d’avoir donné un ton foncièrement ironique voire burlesque, aux scènes les plus crues…Mélange de grotesque et de réalisme cru, il jette un regard noir sur les conditions de développement du Japon de l’après guerre et sur les tentations de cette jeunesse prise au piège de cette facilité fatale….le film se termine avec une marée de cochons en liberté qui se répandent dans les rues, emportant tout sur leur passage ….tout un symbole !!! Plus de cinquante ans après sa sortie, le film (en version restaurée) a conservé toute sa force de percussion…
Un film ambitieux où Imamura utilise le film de Yakusa pour dresser un portrait peu amène de Yakusa vivant sur le dos d'une base navale américaine et qui sont les vrais cochons du titre. C'est aussi une vue en coupe des bas-fonds d'une ville, d'un grand intérêt historique et sociologique. Seules les femmes japonaises, fleurs poussant sur ce fumier qui sont poussées à la prostitution, sont épargnées par le cinéaste. Voir ma critique complète sur mon site :
Commercialisé aujourd'hui en France sous son titre original " cochons et cuirassés " (61) c'est sans doute chronologiquement le premier "grand film" de Imamura.
Cineaste de premier plan qui s'inscrit dans le courant de la nouvelle vague japonaise ( avec Oshima notamment), son travail fût couronné à l'international dans la seconde partie de sa carrière ou il obtint deux palmes d'or à Cannes (" la ballade de Narayama" (83) et " l'anguille").
" cochons et cuirassés " reprend la méthode scénaristique que l'auteur affectionne : celle du film choral, dans lequel surnage tout de même une histoire personnelle ( ici celle d'un couple composé d'un jeune yakuza écervelé et sa fiancée qui refuse de tomber dans la prostitution pour survivre).
Le titre métaphorique fait référence à l'occupation de l'empire du soleil levant par les troupes américaines à la fin de la seconde guerre mondiale ( les cuirassés) et au comportement de la population prête à se vendre au vainqueur pour survivre ( les cochons).
Autant dire qu'Imamura, cineaste en colère ne se fit pas que des amis avec ce film. Généralement l'être humain n'aime pas qu'on lui mette devant le nez ses turpitudes.
Si les premières 75 minutes sont très réussies et constituent, au moment de la sortie du film, ce qu'Imamura a fait de mieux, on peut regretter la partie finale avec le règlement de compte, qui tombe dans une caricature pas du meilleur aloi.
Néanmoins, la maîtrise formelle d'ensemble est telle, que " cochons et cuirassés " représente aujourd'hui sans conteste, une des réussites marquants de la filmographie de son auteur.
Replacé dans le contexte de l'occupation américaine et le ressentiment de la population de plus en plus vif envers les Américains, "Cochons et cuirassés" (titre sous lequel le film est sorti en DVD et qu'on préférera car plus juste et traduction littérale de l'original japonais) réussit la prouesse d'être à la fois une comédie (Kinta et ses compères yakusas sont particulièrement stupides), un mélodrame et un grand film sociétal porté par une mise en scène sophistiquée, inventive et allusive quand il le faut, notamment lorsque Haruko est aux prises avec trois GI's.