"Le Casse" est un franc bon film; avant de le voir, j'étais plutôt confiant : Verneuil à la réal, Belmondo en acteur principal, et donnant la réplique à un Omar Sharif au top de sa forme. Comment le film pouvait-il rater le bon coche? Je ne le sais guère; facilement, peut-être. Le tout est que le résultat est de haute volitge; car en plus d'être un bon divertissement, "Le Casse" est avant tout un grand polar. Bon, c'est pas parfait non plus : de nombreuses incohérences sont à relever, et autant de maladresses que de détails qui viennent légèrement gâcher le plaisir du visionnage. Heureusement, le reste rattrape le niveau, et ce dès le départ : commençant sur une introduction un poil tirée par les cheveux, et exploitant le registre de la science-fiction, c'est tout de même efficace; mais l'on sera, tout de même, en proie à une certaine question : pourquoi ces engins futuristes, s'ils ne servent plus par la suite? En résulte donc le constat d'une écriture imparfaite, et facilement retouchable. Mais attention, le reste est de grande qualité. Le travail de mise en scène, premièrement; comme à son habitude, Verneuil nous sort de la dentelle, avec cette nuance de tons toujours appréciable, et particulière. Son boulot, c'est le divin reflet d'une modernité en proie à la nostalgie propice aux adultes de son époque ( et de la notre, par ailleurs ). En somme, Henry Verneuil, c'est un peu le reflet d'une génération sortie des 30 Glorieuses, et qui le regrette. Mais je m'égare. La réalisation de l'artiste est donc fortement appréciable, et pleinement convaincante; c'est joli, c'est plutôt bien rythmé ( encore que le film se perde parfois, ici et là ), c'est drôle. En somme, c'est bien foutu. De plus, Verneuil met parfaitement en image l'affrontement entre Belmondo et Sharif, acteur que j'ai découvert avec ce film, et bon dieu, quel charisme ! Le mec avait un truc unique dans le regard, une étincelle de méchanceté, le reflet de toute sa cruauté. En un regard, il en disait bien plus que ce qu'en disent certains avec des mots. Son personnage est plutôt convaincant, tout comme celui de Belmondo, sans jamais atteindre le meilleur niveau qui soit; et c'est cela, également, qui est dommage avec ce film : la psychologie des personnages n'est clairement pas assez poussée, ni assez développée ni suffisamment convaincante; en somme, c'est banal, pas spécialement fouillé. Oui, ça manque d'approfondissement, de réflexion. De ce point de vue là, le film est décevant; mais il faut gratter sous la surface, il faut se dépatouiller pour voir ces quelques défauts, tant la couche de l'iceberg est solide et épaisse; Verneuil fait un boulot tellement soigné, tellement pointilleux qu'on ne peut que l'apprécier. En même temps, c'est du Verneuil, donc bon ... Et du Bebel, occasionnellement. Décidément, ils formaient un sacré duo, ces deux là.