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weihnachtsmann
1 145 abonnés
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4,0
Publiée le 10 mars 2019
On retrouve la pomme. Véritable leitmotiv du désir de sombrer ou non dans la délinquance. C’est quelque peu mystique surtout dans cette scène mais je comprends la métaphore du réalisateur. Le jeune est comme Jean Valjean et les fruits sont comme les plats en or de l’abbé Myriel. Le film est pourtant moins sombre car il est porteur d’espoir. L’abbé est cet ami qui va le soutenir et le faire grimper en estime de soi dans la société. Les fleurs du cerisier sont un renouveau.
Ce dernier épisode de la trilogie de Bill Douglas, un peu plus long que les deux premiers (1h10), est aussi celui qui installe une grande partie de l'action en dehors de l'Écosse natale du jeune héros. On suit en effet le personnage principal lors de son service militaire en Egypte, où son caractère renfermé et solitaire se confrontera à l'amitié d'un compagnon plus âgé, à l'homosexualité suggérée, qui lui fera s'ouvrir aux livres, à la culture, à la vie.
« My Way Home » est donc le dernier volet de la trilogie Bill Douglas, intéressant dans sa partie écossaise et franchement ennuyeux dans son passage égyptien. La première demi-heure est en effet agréablement surprenante, dans le sens où elle marque une forte distance avec les deux premiers volets, tout en créant quelques correspondances émouvantes. Le héros a grandi, est passé par le pensionnat et perçoit le monde et sa personnalité d’une façon différente. Il est aussi désormais capable de porter un regard rétrospectif sur son enfance. Mais la seconde partie est inintéressante au possible. Les réflexions existentielles de ce jeune homme ne présentent pas le moindre intérêt cinématographique et ne font que plonger le spectateur dans un profond ennui. Quelques plans superbes pour une trilogie qui nous aura présenté des personnages et une histoire trop opaques pour pouvoir émouvoir ou même prêter à discussion.
Une vraie proposition de cinéma, qui retrouve toute la force d’évocation (et de fascination) du cinéma des origines (on pense autant à Borzage qu’à Von Stroheim ou Chaplin), mêlé à une vision hautement politique, à un vrai regard social. Cette chronique d’enfance et d’adolescence, dont l’âpreté rugueuse cache une immense tendresse, touche à une vérité humaine profonde, à une solitude et à une détresse ontologiques. A une immense force de vie, aussi. Quant on voit la puissance d’évocation dont fait preuve le cinéaste, refusant toute linéarité narrative et figurative (le film est une succession de cassures, de micro-ellipses, de jeu sur le hors-champ), refusant aussi toute dictature de la psychologie (le personnage garde son mystère), pour atteinte une justesse absolue dans la peinture d’une individualité, on comprend bien l’erreur dans laquelle s’embourbe la quasi-totalité des biopics qui cherchent à évoquer une existence par la reconstitution factuelle et l’étude appliquée de caractère. Ici, tout se joue au niveau des sensations (une rencontre décisive peut se faire en hors champ ou un voyage s’illustrer par un simple plan-séquence sur l’eau), tout est laissé à l’imaginaire et au ressenti du spectateur, et le protagoniste garde autant son mystère que sa force. Rares sont les évocations de l’enfance aussi bouleversantes. Naissance d’un immense cinéaste, malheureusement empêché dans la suite de son œuvre.
Très intéressant de pouvoir découvrir ces trois films à la suite. La mise en scène s'affine, l'acteur principal grandit et tout devient plus dense au fil du temps. Une atmosphère ténue et une liberté de ton assez rare.
Ce triptyque détonne dans le paysage du cinéma. Noir et blanc, il restitue la mémoire trouée d'un homme qui a transfiguré sa vie en oeuvre d'art. Les images sont toutes utiles pour notre regard, la parcimonie des mots étonne nos oreilles habituées à des dialogues dont les trois quarts sont du bavardage, de même que la musique, rare et magnifique. J'ai suivi le trajet de cet enfant de la misère jusqu'à la révélation de la lumière avec un intérêt toujours tendu vers une fin qui illumine ce tableau sombre et lui donne sa justification. Le dernier plan restera sur ma rétine, aussi beau que du Tarkovski. Pourquoi cette oeuvre a si longtemps été cachée, et pourquoi sort-elle au coeur du mois d'août, à un moment où les salles de cinéma sont le plus vides? Décidément, elle n'a pas de chance!
même note sue pour les deux premiers films de cette trilogie qui, utilisant un minimum de moyens: noir et blanc, peu de dialogues , sonne juste à chaque instant. Ici , début de l'âge adulte et d'une histoire d'amitié (ou plus?) avec un premier et nouvel ami .
Ce dernier volet de la superbe trilogie de Bill Douglas est lui aussi un pur chef d'oeuvre, à voir absolument. On y retrouve Jamie adolescent, puis, quelques années après, au service militaire. Magnifique récit de ce qui sera bien plus qu'une amitié! Bill Douglas laisse le spectateur se faire son idée sur la nature exacte de la relation entre les deux garçons... Mais il ne laisse aucun doute sur la force du lien qui les unit peu à peu. Robert aide Jamie à se trouver, à s'inventer un avenir. Et l'espoir s'invite enfin. Ne manquez surtout pas ce dernier volet!
En cette période de disette cinématographique (je suis peu enclin à aller voir les films nouveaux du genre "Wolverine" ou "Pacific Rim"!), il y a cependant de belles et grandes découvertes à faire. Ainsi en est-il de cette trilogie de Bill Douglas, un cinéaste britannique dont j'ignorais tout jusqu'à ces jours-ci... Cinéaste méconnu donc mais qu'il est urgent de connaître! Les trois films de courte durée qui composent la trilogie qui vient de ressortir sur les écrans m'en ont définitivement convaincu! Ces films furent réalisés dans les années 70 et ils retracent, volet après volet, l'enfance et la jeunesse d'un garçon prénommé Jamie et dont l'itinéraire correspond sans doute fortement à celui du réalisateur lui-même. Ce qui nous est raconté ici est terrible: c'est le portrait d'une enfance meurtrie, abandonnée, sacrifiée... Un des films les plus déchirants jamais réalisés sur l'enfance. Dans le décor sordide d'une ville minière d'Ecosse vivote Jamie, balloté d'un endroit à l'autre, entre ses grands-mères, son père et son demi frère, n'ayant que la faim au ventre, le froid au corps couvert de crasse... Qui l'aidera? Qui lui donnera de l'espoir? Sûrement pas sa mère qu'on a enfermé à l'asile des fous! Il y a bien un prisonnier de guerre allemand dans le premier volet, mais il finit par s'en aller, laissant Jamie encore plus seul. On songe à Dickens, mais les romans de ce dernier ressemblent à des bluettes si on les compare à ce qu'éprouve Jamie. Celui-ci d'ailleurs reçoit en cadeau (son premier livre!) "David Copperfield" qui finira déchiré, lacéré, jeté au rebut! Bill Douglas compose ses films à coups d'ellipses, ne laissant apparaître que des scènes qui semblent comme arrachées au destin tragique du jeune Jamie. Au spectateur de boucher les trous, d'imaginer, d'être participant aux films. Les scènes les plus brutales se déroulent toutes hors champ. Ces films sont-ils désespérés? Pas tout à fait car le dernier volet ("My Way Home") nous fait découvrir Jamie devenu jeune adulte et faisant son service militaire en Egypte. C'est là enfin qu'il aura la chance de trouver, en la personne d'un de ses camarades militaires, celui qui l'aidera vraiment, lui donnant ou lui redonnant le goût de vivre, d'aimer quand même la vie! Retenons bien le nom de ce cinéaste, Bill Douglas! En dehors de cette trilogie, il n'a pu tourner qu'un seul autre film ("Comrades") avant de décéder en 1991 à l'âge de 55 ans. Son oeuvre annonce celle des grands réalisateurs britanniques que nous aimons et qui ont pour noms Ken Loach ou Mike Leigh!
Heureux d'avoir vu ce film qui a mon âge ! Ce troisième volet nous montre un héros un peu plus âgé et qui poursuit son chemin chaotique. On le voit plus encore qu'auparavant faire preuve de persévérance même si celle-ci est occultée par son mal-être. C'est l'adolescent qui n'a - pas encore - réussi à surmonter les plaies de son enfance. La dernière partie évoque la rencontre du héros avec un personnage charismatique qui est en quelque sorte son opposé et qui oscille entre bienveillance et agacement face à un être si éloigné de lui. Petit à petit on sent cependant une évolution psychique du héros qui semble s'épanouir progressivement, apprécier la compagnie d'un ami, s'ouvrir à la vie et au monde... Reste que la fin ne nous permet pas de savoir si le héros pourra accomplir son seul rêve revendiqué : devenir artiste. On sait cependant que Bill Douglas y est parvenu. Sa vie est en ce sens le prolongement de son oeuvre.
La trilogie de Bill Douglas (My Childhood et My Ain Folk, d'une part et My Way Home d'autre part) est un pur chef d'oeuvre comparable aux 400 cents coups de Truffaut ou à L'enfance nue de Pialat pour ne citer que des cinéastes français. Découverte de ce cinéaste écossais qui à travers ces 3 films réalisés entre 1972 et 1978, va nous faire revivre les étapes de la vie de Jamie (Bill Douglas enfant?)...