Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
cylon86
2 544 abonnés
4 430 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 25 novembre 2016
Première réalisation de Shohei Imamura, "Désirs volés" est un film qui pose déjà les jalons de son univers de cinéaste, s'attardant sur les gens du peuple, leurs perversités et leurs tromperies. Dès le début, il donne le ton, nous montrant un théâtre itinérant contraint de donner également des numéros de strip-tease pour subsister afin de gagner leur vie. Ici, peu de personnages s'intéressent à l'art mais lorgnent plutôt du côté du sexe opposé. Les villageois viennent reluquer les actrices et le directeur du théâtre convoite la femme de son fils. Avec réalisme et cynisme, Imamura impose déjà son style et nous plonge dans les affres du désir humain et de ses contradictions. Le constat qu'il fait, au sein d'une intrigue parfois un peu confuse c'est vrai, n'en reste pas moins d'actualité et encore marquant aujourd'hui.
Shohei Imamura est un des cinéastes les plus éminents de la nouvelle vague japonaise (avec N.Oshima,), qui obtint tout au long de sa longue carrière ( il passa aussi par le documentaire) deux palmes d'or à Cannes.
"Desirs volés " (58) est son premier opus et sans doute un de ses moins accomplis. La faiblesse du film vient du scénario, qui donne l'impression de ne pas avoir été suffisamment travaillé et n'évite pas les longueurs, une fois énoncé le thème de départ.
Imamura qui travailla avec Ozu, avait une vision du monde différente de celle du cinéaste de " voyage à Tokyo ". A la différence de son aîné, le jeune réalisateur proposera dans toute son œuvre, un regard acide, sans concession, tragique de la condition humaine.
" desirs volés " ne fait pas exception à ce qui sera son cinéma. Imamura propose ici un regard sur les spectateurs, à travers l'histoire d'une troupe de théâtre ambulant dans le japon d'après-guerre.
Partout où va la troupe, le public montre son mauvais goût et son attirance exclusive pour les danseuses chargées de la première partie du spectacle.
Le jeune homme héros du film et dont les ambitions artistiques sont grandes, finira par jeter l'éponge, dégoûté.
Le titre évoque peut-être sa motivation qui finit par s'étioler face à la réalité de l'ambiance qu'il constate lors des représentations.
Attaque frontale contre le mauvais goût artistique généralisé, il n'est pas étonnant qu'il laissa dubitatif la direction du studio ( selon la documentation) qui produisit le film.
Filmé dans un très beau scope noir et blanc et déjà de façon remarquable, on est ici loin d'atteindre le niveau des meilleurs opus de la première partie de l'oeuvre du cinéaste.
Toutefois les aficionados du travail d'Imamura ne le manqueront pas, car il pose déjà un jalon thématique qui lui sera cher ( la cruauté du monde), malgré les réserves qu'on peut éprouver à l'endroit de " désirs volés ".