...C'est un film qui se situe entre le western spaghetti, que Tarantino rêvait de faire depuis longtemps, et "La case de l'oncle Tom", puisque son thème est l'histoire de l'esclavage en Amérique. Dès le départ, on est saisi par les images, par le visage de Django (Jamie Foxx). Suit une première scène situation un peu bavarde comme dans Inglorious Bastards ; c'est avec le même Christoph Walz, ici en gentleman- killer, toujours aussi cultivé.
Tarantino n'a pas de sympathie pour ce Sud, ses belles maisons et ses plantations avec les esclaves, loin des clichés d' "Autant en emporte le vent", il n’éprouve aucune nostalgie. La libération de Broomhilda ( la mythologie allemande autour de Siegfried est déjà un western spaghetti, selon Tarantino !) devient une action contre l'esclavage en général.
Hollywood n'a pas beaucoup travaillé ce sujet, contrairement à la guerre du Vietnam. Peut-être fallait-il l'arrivée d'un président américain noir pour qu'au même moment que Django sorte Lincoln de Steven Spielberg, qui parle du même sujet ? Il y a bien eu le feuilleton télévisé "Roots" dans les années 70, mais pour Tarantino il y avait un goût d'inachevé parce que le noir avait pardonné - lui-même aurait souhaité une autre fin. Dans son film à lui, justement, on va jusqu'au bout ! Django est un justicier solitaire dans la pure tradition hollywoodienne, mais pour la première fois c'est un justicier noir contre ce monde de riches propriétaires qui jouent avec les êtres humains comme l'ont fait les romains avec les gladiateurs.
Comme toujours Tarantino montre des choses horribles qui font rire. Le sang coule à flot et quelquefois nous avons fermé les yeux, surtout pour la scène du combat. Il est vrai qu'il y a des moments où cette violence est tellement décalée qu'elle fait rire, tellement c'est gros et grotesque - le flingue est roi et les événements récents en Amérique semblent être le reflet direct de ce passé. Le but de Tarantino est le divertissement et cette fameuse scène du Ku-Ku-Klan, restera dans les annales! Nous savons que pour lui le divertissement n'est pas un sous-genre.
Que dire des acteurs ? Parfaits ! Jamie Foxx, Samuel L.Jackson, Leonardo Di Caprio, chacun dans son rôle. La musique accompagne à merveille le film, le mélange de musiques (d'Ennio Morricone au rap) correspond au mélange des genres cinématographiques.
Nous l'avons attendu, ce dernier Tarantino et nous n'avons pas été déçues !...
http://www.matchingpoints.fr/2013/01/23/cinema-django-unchained/