Djaaaango ! L'original, que la récente sortie de Tarantino m'a donner envie de découvrir (un grand merci à ce cinéphile pétri de références qu'est Tarantino), est un western spaghettis extrême, d'une poigne incomparable, supérieur à ce qu'il semble être au premier abord. On remarque instantanément la mise en scène magistrale de Sergio Corbucci, surpassant le modèle léonien au niveau de l'effet percutant des images et le talonnant en matière de dextérité. Le thème principal repris dans Django Unchained vaut tout l'or du monde, résonnant à nos oreilles encore longtemps après la fin du générique. Les paysages de l'ouest seront gravement filmés sur des tons gris, exposant des contrées rudes et boueuses, de pentes escarpées et un pont symbolique surmontant des sables mouvants. Ce dernier décors est très important d'un point de vue narratif, c'est ici que débute l'intrigue intimement liée à Django et c'est ici qu'elle se conclut par l'une des deux seules voies possibles...Django est encore un personnage typique du western spagetthis, mais unique en son genre. D'abord il intrigue, croque mort sinistre tirant un cercueil accomplissant des actions lui prêtant un air d'ange gardien silencieux, juste et vengeur. Dès qu'il ouvre le cercueil et que le spectateur découvre son contenu (lors d'une scène énorme qui a du extasier Tarantino), il apparaît comme un petit salaud jouant avec le feu. Feu qui le brûlera sévèrement lors d'une scène d'une violence incroyable, véritable paroxysme d'intensité du film, chargé de métaphores qui hissent Django vers des sommets de cruauté aussi intelligente que choquante. De ce fait, le film de Corbucci peut être qualifié de chef d’œuvre. Non seulement il contient tout ce qui fait le succès du sous genre (poursuites à cheval, éliminations à gogo, braquage, dualité...) sublimé par une photographie magnifique ainsi qu'un gros un travail sur les décors et les costumes, mais il pousse les codes jusqu'à leur limite les plus tendues, pour transcender l'ensemble avec un brio détonnant. Les acteurs sont superbes, incarnant à la perfection leur rôle, élaborant avec ardeur leur communauté décalée, livrant un pan de petite mythologie assez proche des comics les plus sombres. Et Franc Nero...une interprétation absolument grandiose, qui défie Clint Eastwood sans lui céder un pousse de terrain. La musique géniale, brillant le plus souvent par son absence, remplacée par le bruit du vent, compose une atmosphère sonore en harmonie totale avec le reste, lançant de temps à autre quelques bouffées de souffle épique. Et puis un combat final dur, éreintant, palpitant, une apothéose malade qui se joue face contre terre...laissant derrière elle un ultime plan terrible. C'est un grand film sans concessions, excessif dans son âpreté, bourré d'aspérité, dont la lecture en profondeur révèle une noirceur abyssale. Gigantesque.