La saga Angélique (1964-1968) réalisée par Bernard Borderie est une adaptation cinématographique de la série de romans historiques écrite par Anne Golon à partir des années 1950.
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Charme, douceur et sensualité s’entremêlent autour de l’envoûtante Angélique, dont l’image filmique semble immortalisée sous les traits de la belle Michèle Mercier, accompagnée par des acteurs charismatiques tels que Robert Hossein et Jean Rochefort.
Le bal passionné entre romance, Histoire et aventure entraîne le spectateur dans un univers poétique, pittoresque, romantique, tout aussi cruel et sauvage. Ce mélange judicieux assure au fond, éloigné du simple récit à l’eau de rose, une couleur authentique.
La chute de chaque épisode, attise la curiosité du public, l’invitant à poursuivre le tumultueux voyage aux côtés d’attachants personnages au destin souvent tragique. L’élégance à toute épreuve de ces derniers est, cela dit en passant, à souligner.
Les costumes somptueux -notamment les robes- l’atmosphère douce-amère, les décors champêtres ou les vastes étendues offrent, de surcroit, un spectacle inoubliable aux amoureux du genre.
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Le temps a malheureusement fait son œuvre. L’esthétique visuelle et la bande sonore des différents films s’en trouvent dépassées, bien que parfaitement adaptées à l’époque de réalisation. Par ailleurs, si le jeu caricatural des comédiens, les scènes érotiques excessivement pudiques, le manque de rythme dans l’action, de réalisme dans l’élaboration des combats ou de dynamisme dans les mouvements de caméra peuvent déstabiliser les jeunes générations, la beauté de la saga n’en demeure pas moins intacte, éternelle, intouchable.
L’érotisme – concernant principalement la nudité féminine et masculine – est effectivement bridé au profit d’une pudeur certes louable, puisque pure, sensuelle, élégante, mais étonnante au regard du paradoxe crée au niveau de la violence physique affichée lors de quelques épisodes de viol, par exemple.
Concernant les vrais points problématiques, il est bon d’évoquer les relations entre les différents protagonistes qui, à l’image de certains passages, manquent cruellement de profondeur. L’émotion s’en trouve automatiquement amoindrie.
En ce sens, l’idylle entre Jeoffrey de Peyrac et Angélique n’exhale pas l’intensité espérée légitimement et la fin de leur épopée, plus que décevante, ne présente rien de palpitant, piquant, percutant.
Unanimement désirée, convoitée, aimée, la parfaite jeune femme, dévoilée dans toute sa splendeur, serait toutefois à même de créer des complexes féminins auprès de ses spectatrices, tant l’adoration de la gent masculin à son égard détonne avec la réalité du monde de la séduction.
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Cette saga, bien que romancée à souhait, se savoure le temps d’un rêve, à condition d’être sensible au registre, mais aussi à la singularité des œuvres passées.