Film difficile à cerner que Barocco, dont le titre n’a d’ailleurs aucun lien direct avec l’histoire narré.
Ce métrage n’est pas spécialement enthousiasmant, à cause de son scénario inutilement alambiqué, voguant volontiers vers le vrai délire mais sans jamais oser réellement rentrer dedans. On a l’impression d’un film qui reste au milieu du gué, cherchant à nous conduire au-delà de ce que l’histoire veut nous narrer, sans le faire réellement. Il en résulte un côté frustrant, d’autant que Barocco avance sur un rythme très lent, pouvant aisément déplaire. Pour tout dire, Barocco ressemble nettement à un exercice de style dans lequel le scénario est le parent pauvre, et c’est vrai que malgré d’indéniables qualités formelles, il faut s’accrocher pour ne pas décrocher avant la fin, tant le fond peine à intéresser.
La forme est cependant brillante. Si je donne la moyenne c’est bien grâce à elle en fait ! Si une scène m’a paru un peu ridicule à force d’effets de style (le meurtre), en revanche pour le reste c’est très bien. Décors, mise en scène, photographie, musique aussi, tout cela concourt à donner une ambiance fort réussie, mystérieuse, intriguante, nous plongeant dans un univers réel mais difficilement déterminable. J’ai aimé ce côté poétique et symboliste, triste aussi, avec l’excellente bande son qui n’est pas pour rien dans l’impact du métrage.
Quant aux acteurs il y a du lourd, mais pas forcément bien utilisé. Depardieu ne livre pas une prestation spécialement impressionnante ici, ni même Adjani, qui paraît étonnement fade. Hélène Surgère surnage pour sa part, au milieu de seconds rôles de prestige mais qui n’ont pas grand-chose à faire. Le film se veut très hermétique, et du coup les personnages restent avant tout des enveloppes, avec peu de fonds, et les acteurs font ce qu’ils peuvent avec cela.
En dépit de ses défauts, Barocco est une expérience pas complètement décevante, grâce vraiment à cette atmosphère singulière. Il y a quelque chose, Téchiné faisant une belle orchestration pour nous plonger dans un univers aussi vrai qu’insaisissable en fait. Une aventure à faire au moins une fois, mais personnellement je ne me laisserai sans doute pas retenter. 2.5