"La maison assassinée" est vraiment un sacré film. Plutôt vieillissant, le métrage en question n'en demeure pas moins bon.Le commencement pourra en laisser certains sur la ligne de départ; ça commence comme un téléfilm, une série b. Certes, c'est peu intéressant, et visuellement dépassé. Puis, le film démare véritablement, et le tout d'emballe. Dès le début, Patrick Bruel ne semble pas très à l'aise dans son rôle de vétéran de la Der des Der : pas spécialement charismatique, il lui manque une présence physique, une conviction dans le jeu. En soit, l'acteur n'est pas mauvais; cela, il le prouve par la suite, en se reprenant de la meilleure des manières, devenant largement meilleur, à l'image même du film, qui s'embélit avec le temps, comme un bon vieux rouge de notre vieille France. Pour tout vous dire, la mise en scène s'avère très bonne, elle aussi. Pas exceptionnelle, plutôt classique, elle n'offre pas de véritable recherche artistique, mais sert parfaitement bien l'oeuvre; elle met bien en valeur l'intrigue, bien que manquant d'originalité. En soit, c'est plaisant, satisfaisant; comment être déçu, si l'aspect très intimiste du film est principalement dû au travail fait sur l'image? Personnellement, je l'aime bien, ce travail, notamment de par l'aspect très pictural de l'oeuvre, tant l'image est travaillée, arborant un côté saturé qui lui va à ravir. D'une certaine manière, elle illustre très bien le propos même de l'oeuvre, portant sur la tristesse et le regret d'un pauvre gosse revenant au pays, et qui découvre que toutes les choses qu'il savait jusque là, que toutes ses certitudes sont, et ont toujours été dupées par l'élément perturbateur ( comme ça, pas de spoil ! ). L'intrigue est elle-même de grand niveau. Au départ, on pense tomber sur une oeuvre extrêmement classique, pas couillue pour un soû. Belle erreur que celle ci : le résultat final sera explosif ( de rebondissements innatendus, j'entends bien ), presque grandiose, et foutrement innatendu. Que demander de plus, tant c'est marquant et inoubliable? Un an que je l'ai vu, et je m'en souviens comme si c'était hier. Au niveau des acteurs, c'est également très convaincant, bien que bancal. D'un côté, un Bruel qui, petit à petit, prend de l'assurance pour, finalement, trouver ses marques dans un rôle dramatique et, sûrement, complexe à comprendre, et à interpréter. Le mec se donne à fond, c'est évident. De l'autre, aucun second rôle particulier n'est à souligner, tant les personnages secondaires ne seront point développés; tout est fixé sur Bruel, et c'est, peut-être, tant mieux comme cela. C'est qu'on s'y attache sérieusement, à ce pauvre bonhomme ! A noter, cependant, un seul autre acteur qui ressort ( à mon sens le meilleur de l'oeuvre ) : le personnage de la gueule cassé, extrêmement touchant, et parfaitement interpréter par un Yann Collette attachant et sympathique. Parmi tout cela, de bons maquillages ressortent ( notamment ceux de ce même personnages ), même si certains, moins bons que d'autres, laissent présager un certain manque de finition. "La maison assassinée" est donc un très bon cru : à la fois terriblement triste et étrangement beau, le résultat final surprend de par son invention, et la reproduction de la condition française de l'époque, fortement bien reproduite, laisse présager le désir de coller à la réalité qu'arborait, avec ce film, le très bon George Lautner. A voir, du bon cinéma français.