Des films aussi marquants que ce "Dirty Harry", il en existe peu. Parce que si tu veux voir un bon vieux trip sur un flic badass et burné, pour lequel torture et meurtre sont comme chasse et pêche, autant revoir les bases même de ce sous-genre cinématographique. Et le truc a beau avoir plus de quarante ans ( quarante-cinq, plus précisément ), ça reste foutrement efficace. Plan par plan, Don Siegel instaure un nouveau genre de films, et par là même de personnages. Original par bien des aspects, il fait de son acteur une star internationale, bien plus iconique, à mon goût, que la periode western d'Eastwood. Mythique, le personnage de Calahan ne cesse de faire des émules; aujourd'hui encore, ses pastiches foisonnent par dizaines, jusqu'à la série "Arme Fatale", catastrophe annoncée. A l'évidence, le détail le plus marquant du film se trouve dans son acteur principal, et véritable icône du cinéma de genre : Clint Eastwood, aka Dirty Harry, aka la coqueluche de Sergion Leone, fut-il un temps. Pour tout vous dire, son interprétation n'est guère finaude; le type a beau envoyer du lourd, il le fait avec une sulfateuse, et non pas avec la finesse de danceuses étoiles, du style de ... je sais plus trop qui. Mais c'est avec classe qu'Eastwood interprète son personnage, ce bourreau très "punisheresque", lui fournissant tout le charisme qu'un tel protagoniste requérait. De toute évidence, Harry, c'est lui et personne d'autre; il est irremplaçable, tout comme Stallone en Rocky ou en Rambo, et Schwarzy en Conan ou en Terminator. C'est, je pense, à cela que l'on discerne le grand acteur de l'interprète simplement convaincant. Tout le travail de réalisation est également à souligner, tant Don Siegel, déja metteur en scène de ce chef d'oeuvre de "Body Snatchers", nous fait part d'un travail autant impeccable qu'irréprochable; voir un tel métrage s'ouvrir sur un tel plan, c'est juste majestueux. Et en plus de poser les bases de l'ambiance du film à venir, cette introduction nous présente ce dont on va parler par la suite : le bad guy de l'histoire. Qu'on se le dise, Andrew Robinson n'est pas constamment dans le juste, mais mince, le mec s'y croit à donf. C'est pas parfait, certes; mais bon, quand tu t'intéresses un minimum à son regard, tu captes que le mec, il est pas seul dans sa tête. Disons juste qu'il se perd, parfois, à parler intérieurement avec Jackie et Bruce, sans réellement se demander si son jeu se trouve dans la nuance et la finesse. Mais au final, le résultat reste vraiment très convaincant. L'écriture, par contre, est de grande qualité; rédigée avec style et maîtrise, elle fait constamment preuve d'une variété des thèmes abordés fortement appréciable. C'est bien construit, bien pensé, en bref, c'est clairement bien foutu. Pas une réelle incohérence, des punchlines de folie, des personnages bien étoffés; en y réfléchissant, je ne trouve guère de défaut."Dirty Harry" est un grand film qui pose la plupart des codes d'un genre aujourd'hui surfait, et duquel l'originalité semble peiner à arriver. Porté par un acteur au fort charisme, et savamment agrémenter d'une forte personnalité, le film se veut viscéral et glauque, dépeignant une triste vision désillusionnée d'une Amérique en plein déclin, tant idéologie que populaire. A voir, un grand film. Mieux, un classique.