Je ne sais pas si le film a vieilli ou si c’est moi qui suis blasé ou tout simplement passé à côté de la plaque, « Dirty Harry » ne m’a pas semblé si violent que ça ou plus violent qu’un autre film.
Quant à sa tendance polémique là aussi, je n’ai rien trouvé qui prête à l’indignation.
Il faut replacer le film dans la mentalité de son époque, il est vrai.
Le partenaire d’Harry, Chico (Reni Santoni) le dit lui-même, l’adjectif ne nomme pas Harry en soi, il suggère les missions qu'accomplit Harry : « Dirty job », « Le sale boulot » et non « Dirty Harry », « Le sale Harry ».
Certes, le personnage Harry va constituer une étymologie cinématographique pour des personnages futurs dans d’autres films, mais les méthodes de l’inspecteur Harry ne m’ont pas paru scandaleuses.
Le récit s’amuse à semer le trouble en lui brossant un historique peu flatteur, mais dans le peu qui m’est exposé, que ce soit pour mettre fin à un braquage ou mettre fin à un suicide, il n’y avait rien d’extraordinaire. Seule sa désinvolture peut prêter à interprétation.
Si j’osais, je dirais que Don Siegel s’est amusé à être malhonnête ou à provoquer le spectateur.
D’une part, c’est la justice U.S énoncée par le procureur et le juge émérite qui provoque le comportement d’Harry Callahan et d’autre part l’initiative du Maire et des supérieurs de l’inspecteur.
Certes, il n’est pas obligé de se comporter ainsi.
S’il ne se comportait pas ainsi, parlerait-on des méthodes peu orthodoxes mais efficaces du personnage ?
Ce qui fait le succès du personnage, c’est sa façon de rendre la justice.
Combien sommes-nous spectateurs respectueux d’une justice objective à admettre que les agissements d’un Harry Callahan sont aussi une alternative à cette même justice.
Nous pourrions penser : « Il fait ce que nous pensons tout bas. »
Harry, couché au pied d’une croix après avoir apporté la rançon est à deux doigts de perdre la vie par le serial-killer nommé Scorpio qui le maltraite à coups de pieds et fusil mitrailleur dans les mains.
Harry parvient à s’en sortir grâce à son partenaire, il profite de planter un poignard dans la jambe de Scorpio.
La justice reproche à l’inspecteur-au-sale-boulot sa méthode qui a consisté d’appuyer sur la jambe de Scorpio pour avouer son crime.
Verdict : aveux non retenus parce que soumis sous la torture !
C’est exagérer !
Voilà pourquoi le récit ne me paraît pas honnête envers l’inspecteur Harry et je ne comprends pas les spectateurs de l’époque scandalisés par ses soi-disant méthodes.
L’inspecteur Harry est profondément respectueux de la loi, il fait tout pour la respecter.
La justice ne lui rend pas justice, et la fin du film nous montre un inspecteur Harry dégoûté par l’ingratitude de celle-ci.
Un film à la mise en scène classique, efficace, lisible et aux réparties savoureuses.
Le travelling ou zoom arrière qui ponctue le film me fait penser à « Un frisson dans la nuit » premier film de Clint Eastwood, j’ai l’impression que Don Siegel a emprunté à ce dernier cette manière de conclure le film.
La caméra se retire laissant un Harry seul avec sa déception malgré le devoir accompli, à savoir exécuter un sale boulot.
Cette façon de conclure sera propre à la saga « Dirty Harry ».
Inutile d’en rajouter, le récit n’a pas besoin d’un prologue.
A voir en V.O pour la voix particulière de Clint Eastwood... si possible.