Magnifique film, puissant, subtil et lyrique. A mesure que je découvre Victor Sjöström, il apparaît comme l'un des géants de l'ère du muet. C'est sûrement l'un des plus grands réalisateurs de cette période riche en chefs-d’œuvre, et en même temps un excellent acteur.
Les Proscrits est une histoire archétypale, mais elle est très bien traitée par Sjöström. Le jeu des acteurs est impeccable, ce qui est rare pour des films des années 1910. Tout est dans la retenue et la suggestion.
Récit d'amour impossible très fort, c'est aussi un film aux somptueuses prises de vue. Sjöström est un maître de la composition du plan et des cadrages, sans pour autant chercher l'esthétisation à tout prix. Et puis ces images de la nature féroce et sauvage, en Laponie, ne peuvent que marquer le spectateur. Sans compter que plusieurs scènes haletantes maintiennent le spectateur en éveil, alors que le rythme du long métrage est naturel et harmonieux, sans faiblir.
Au total c'est un beau et grand film. Quelques éléments m'empêchent de lui mettre une note supérieure (je me garderai bien de spoiler l'histoire), mais ça me semble être un long métrage incontournable, qui montre que les cinéastes européens n'avaient rien à envier aux Américains à cette époque, bien au contraire. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Hollywood s'est construit sur un très grand nombre de cinéastes européens s'y étant exilés... parmi lesquels Victor Sjöström.