La première scène du film est un leurre. Nerveuse, violente, bien menée, elle annonce un polar sachant gérer ses scènes d’action. En fait, il n’y en aura qu’une seule autre, juste à la fin, et celle-ci, pourtant présentée comme son pendant, est totalement grotesque. Ces deux scènes résument à elles-seules cet « Antigang » dont le titre français ne veut absolument rien dire puisque le personnage principal travaille aux Mœurs. Entre ces deux scènes, le film se délite totalement.
Présenté comme un flic incontrôlable, Burt Reynolds passe une grosse demi-heure du film à procéder à une planque et tombe sous le charme de celle qu’il observe. Lourdement explicite, cette partie du film est d’un terrible ennui. Si elle est l’occasion de présenter quelques autres personnages du film (les seconds rôles sont de qualité mais les personnages n’ont que peu d’intérêt), elle plombe le rythme qu’on avait imaginé trépidant.
Après une péripétie qui intervient au milieu du film (eh oui, déjà…), on se dit que tout cela va s’emballer enfin. Malheureusement, la suite n’est capable de proposer ni action, ni tension, ni intrigue. Tout part en vrille avec un scénario creux, des personnages vides, des incohérences à tous les étages, des scènes gratuitement violentes, une bluette idiote, une résolution insipide et un final ridicule. Mou, mal fichu, kitsch, on est dans le mauvais téléfilm américain des années 80. Quand un film policier n’est porté ni par une solide intrigue, ni par des scènes d’action, ni par des personnages attachants, ni par une pointe d’humour, ni par une ambiance particulière, il ne vaut souvent pas grand chose. C’est le cas évident de ce navet insipide qui n’a absolument rien à voir avec les polars urbains de cette période.